Le lac et la ville de Jésus
L’Évangile selon saint Matthieu (Mt 4, 12-17)
Ayant appris que Jean avait été livré, il se retira en Galilée et, laissant Nazara, vint s'établir à Capharnaüm, au bord de la mer, sur les confins de Zabulon et de Nephtali, pour que s'accomplît l'oracle d'Isaïe le prophète :
Terre de Zabulon et terre de Nephtali, Route de la mer, Pays de Transjordane, Galilée des nations ! Le peuple qui demeurait dans les ténèbres a vu une grande lumière ; sur ceux qui demeuraient dans la région sombre de la mort, une lumière s'est levée. Dès lors Jésus se mit à prêcher et à dire :
"Repentez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche."
Bible de Jérusalem
La zone entourant le lac de Tibériade peut être considérée aujourd'hui comme un sanctuaire unique car il représente la Terre où Jésus a vécu et s’est manifesté dans sa nature pleinement homme et Dieu. Il se dit que là où Jésus a posé un pied, là nait un sanctuaire.
La beauté de la région, sa végétation luxuriante et son atmosphère "paradisiaque", permet au pèlerin d'entrer pleinement dans le récit de la vie de Jésus, qui s’est ici auto-révélé et donné en tant que maître, guérisseur et exorciste.
Jésus a parcouru ces endroits de nombreuses fois, il a marché à pied dans ces lieux, il y a fait des miracles et s’est vu régulièrement dans les eaux de ce lac. Sa voix a résonné dans les criques du lac, pour proclamer la Parole de Dieu, et elle est restée comme gravée dans ce paysage merveilleux. Il est impressionnant de pouvoir reconnaitre ici la vie quotidienne et tranquille de notre Seigneur, dans ses activités journalières, dans son expérience de Dieu fait homme. Mais ici, ce qui est encore plus extraordinaire c’est qu’il s’est manifesté dans toute sa divinité, il nous a montré par son exemple la Charité, la Vérité, la Vie et le Chemin. Et en même temps il a exprimé sa puissance par des miracles et des guérisons. C’est en cela que nous pouvons dire que ce lac de Jésus témoigne de sa divinité et de son action salvatrice.
Bible de Jérusalem
«A Capharnaüm, la maison du prince des apôtres a été transformée en église, ses murs sont encore aujourd'hui ce qu'ils ont été autrefois. Là, le Seigneur guérit le paralytique. Là est aussi la synagogue où le Seigneur a guéri le possédé "
Pietro Dacono (XIIe s.) texte attribué à Egérie (IVe s).
Capharnaüm, avec l'ensemble du lac, est un lieu de grâce particulier. C'est le village de Galilée le plus fréquenté par Jésus. Ici Jésus a choisi ses disciples et les a appelé à lui un par un, faisant d'eux des témoins, par sa vie et ses œuvres, de sa grandeur. Ici, dans la synagogue, Jésus a annoncé la sainte Eucharistie dans le discours du Pain de Vie.
Jésus a vécu ici sa vie quotidienne ; Il a décidé de vivre dans la maison de son disciple Pierre, où il a rencontré ses apôtres, où tous ceux qui voulaient recevoir sa grâce et guérir de leurs maux venaient le chercher. La maison de Pierre va ainsi devenir un nouveau lieu de rencontre avec la nouvelle communauté qui s'est formée autour de lui, après avoir été rejeté à deux reprises de la synagogue. Jésus retournera toujours à Capharnaüm après ses séjours en Galilée, ce qui montre combien il aimait vivre dans cette ville et il en a fait le centre de sa mission.
Ceux qui, de tous les coins du monde, viennent visiter ce lieu saint, arrivant de pays lointains avec courage et humilité, reçoivent un don de joie et de sérénité, plongés dans un cadre naturel d’une grande beauté. Et le miracle peut se renouveler, dans l'esprit du pèlerin, comme s’il appartenait à la multitude de ceux qui ont suivi et écouté Jésus.
Le Pain de vie
L’Évangile selon saint Jean (Gv 6,24-59)
Quand donc la foule vit que Jésus n'était pas là, ni ses disciples non plus, les gens s'embarquèrent et vinrent à Capharnaüm à la recherche de Jésus. L'ayant trouvé de l'autre côté de la mer, ils lui dirent : "Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? " Jésus leur répondit : "En vérité, en vérité, je vous le dis, vous me cherchez, non pas parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé du pain et avez été rassasiés. Travaillez non pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure en vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l'homme, car c'est lui que le Père, Dieu, a marqué de son sceau." Ils lui dirent alors : "Que devons-nous faire pour travailler aux oeuvres de Dieu ? " Jésus leur répondit : "L'oeuvre de Dieu, c'est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé." Ils lui dirent alors : "Quel signe fais-tu donc, pour qu'à sa vue nous te croyions ? Quelle oeuvre accomplis-tu ? Nos pères ont mangé la manne dans le désert, selon ce qui est écrit : Il leur a donné à manger du pain venu du ciel." Jésus leur répondit : "En vérité, en vérité, je vous le dis, non, ce n'est pas Moïse qui vous a donné le pain qui vient du ciel ; mais c'est mon Père qui vous le donne, le pain qui vient du ciel, le vrai ; car le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel et donne la vie au monde." Ils lui dirent alors : "Seigneur, donne-nous toujours ce pain-là." Jésus leur dit : "Je suis le pain de vie. Qui vient à moi n'aura jamais faim ; qui croit en moi n'aura jamais soif. Mais je vous l'ai dit : vous me voyez et vous ne croyez pas. Tout ce que me donne le Père viendra à moi, et celui qui vient à moi, je ne le jetterai pas dehors ; car je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. Or c'est la volonté de celui qui m'a envoyé que je ne perde rien de tout ce qu'il m'a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour. Oui, telle est la volonté de mon Père, que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour." Les Juifs alors se mirent à murmurer à son sujet, parce qu'il avait dit : "Je suis le pain descendu du ciel." Ils disaient : "Celui-là n'est-il pas Jésus, le fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère ? Comment peut-il dire maintenant : Je suis descendu du ciel ? " Jésus leur répondit : "Ne murmurez pas entre vous. Nul ne peut venir à moi si le Père qui m'a envoyé ne l'attire ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous enseignés par Dieu. Quiconque s'est mis à l'écoute du Père et à son école vient à moi. Non que personne ait vu le Père, sinon celui qui vient d'auprès de Dieu : celui-là a vu le Père. En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit a la vie éternelle. Je suis le pain de vie. Vos pères, dans le désert, ont mangé la manne et sont morts ; ce pain est celui qui descend du ciel pour qu'on le mange et ne meure pas. Je suis le pain vivant, descendu du ciel. Qui mangera ce pain vivra à jamais. Et même, le pain que je donnerai, c'est ma chair pour la vie du monde." Les Juifs alors se mirent à discuter fort entre eux ; ils disaient : "Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? " Alors Jésus leur dit : "En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme et ne buvez son sang, vous n'aurez pas la vie en vous. Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est vraiment une nourriture et mon sang vraiment une boisson. Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé et que je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. Voici le pain descendu du ciel ; il n'est pas comme celui qu'ont mangé les pères et ils sont morts ; qui mange ce pain vivra à jamais." Tel fut l'enseignement qu'il donna dans une synagogue à Capharnaüm.
La nourriture qui se perd, et celle qui donne la vie éternelle
Dans la synagogue de Capharnaüm, Jésus enseigne, dans la foi en Lui qui a été envoyé par le Père, l’œuvre que Dieu désire pour chaque homme. Mais la foule de Galilée considère ses miracles insuffisants pour affirmer sa foi. Elle attend un miracle semblable, sinon supérieur, à la manne que Moïse a fait descendre du ciel.
Non, rectifie Jésus. Ce n’est pas Moïse, mais Dieu qui a envoyé la manne aux Israélites pour les nourrir. Et c’est encore Dieu qui invite chaque homme à répondre à son aspiration profonde, à la Vie qui n'a pas de fin. Jésus est le vrai pain de vie. Et qui ne croit pas en Lui est coupable, parce que dans l’ère messianique il suffit, pour croire, de se laisser attirer par la grâce de Dieu. Qu’est-ce qu’était la manne par rapport au pain que Jésus a promis? Un aliment qui ne préserve pas de la mort. Lui, en revanche, assure la vie éternelle.
Suit l’allusion à l'Eucharistie, à sa chair qui sera offerte en sacrifice pour l'humanité. Qui reçoit cette nourriture authentique recevra la Vie éternelle, de Celui que le Père a créé comme donateur de la vie.
De nombreux disciples trouvèrent ce discours mystérieux et difficile à accepter. Cependant la croix et la conséquente glorification du Crucifié montrent que l'Eucharistie, avec la parole de l’Esprit, est vraiment capable de donner la vie.
Beaucoup de ses disciples, note l'évangéliste, abandonnèrent Jésus. Mais Pierre, en revanche, au nom des apôtres, confirme sa foi en ce Messie que Dieu a envoyé et consacré, et dont les paroles transmettent la vie éternelle, pour celui qui les accueille.
M. Adinolfi – G. B. Buzzone, Voyage au cœur de la Terre Sainte, Casale Monferrato 2000, 56-57.
"Jésus-Christ notre Seigneur, qui, avec un amour ineffable s'est donné pour nous." (Celano, première vie de Saint François d'Assise, chapitre XXX, [FF86])
Dans l'Église, comme dans la spiritualité franciscaine, le mystère de l'incarnation du Christ et le don de son corps et de son sang dans l'Eucharistie, représentent le centre et le sommet de la célébration de l’Amour du Père envers ses enfants. Cette annonce faite par Jésus dans la synagogue de Capharnaüm révèle son don mystérieux aux hommes. Mais ces paroles auront pour conséquence d’éloigner beaucoup de ses disciples. Jésus n'est pas compris par tous, il est même considéré comme un fou. Ce que les gens cherchent sont ses miracles et ses guérisons, pas tant la nouveauté et la profondeur du message qu’il venait apporter aux hommes, qui annonçait Son Amour entier pour l'humanité mais qui exigeait une suite plus radicale, et qui n’avait pas la saveur du merveilleux et du Dieu qui se révèle dans la puissance et la force.
Le discours eucharistique de Jésus dans la synagogue de Capharnaüm annonce à ceux qui le suivent, au lendemain de la multiplication des pains et des poissons, qui est le vrai pain qui ne périt pas. L'annonce de Jésus, qui proclame que celui qui mange sa chair et boit son sang aura la vie éternelle, est une épreuve de foi difficile à surmonter pour les disciples. La foi est demandée aux disciples de cette époque comme à toutes les époques. Quand chacun de nous se trouve devant le pain et le vin consacrés il a besoin du don de la foi pour accueillir le Christ et avoir en Lui la vie éternelle.
La dévotion franciscaine à Jésus et aux lieux sanctifiés par son passage, Verbe de Dieu fait homme, produit un style de prière qui naît du désir de se conformer à l'image de Jésus, homme pauvre et crucifié. La célébration des événements de la vie du Christ se concrétise dans la Sainte Eucharistie. La célébration de la Messe votive de la Sainte Eucharistie à Capharnaüm est une preuve concrète de la dévotion des fils de François à Jésus présent dans son corps et son sang. De fait, en Terre Sainte il y a un lien étroit entre l'histoire et l'archéologie, entre la dévotion et la liturgie, si fort qu’il est en mesure de fournir les fondements de la tradition spirituelle.Les chrétiens des premiers siècles, identifièrent comme lieux saints, les lieux de la géographie du Moyen-Orient qui ont eu l'honneur d'accueillir le passage du Fils unique de Dieu, de sa sainte Mère, des apôtres et des événements de l'Ancien Testament. Les lieux saints sont les témoins qui parlent de manière concrète des événements historiques qui annoncent la Parole de Dieu. Dans tous les lieux de la chrétienté à partir du IVe siècle ap. J.C. surviennent partout les grandes basiliques autour des tombes des martyrs. En Terre Sainte ce qui témoigne de la présence du Christ est la géographie ; les basiliques de la Terre Sainte, les Martyria, sont des reliquaires qui ne gardent pas les os de quelqu'un, mais cette portion de la Terre qui portait les empreintes du passage de Dieu fait homme.
Dans tous les Lieux Saints, au cours des siècles, la célébration constante des mystères du Christ par l'Eglise a produit des écrits et transmis des pratiques de prière et de vénération de ces lieux saints, qui constituent un patrimoine liturgique et dévotionnelle. Dans le cas de la maison de Pierre et la synagogue de Capharnaüm ce ne fut pas le cas en raison du déclin de la ville de Capharnaüm, qui n’a pas permis la transmission du culte du Lieu Saint. Plus tard, avec l'arrivée des frères en Terre Sainte au XIII e siècle, il y a eu les premières graines de la tradition redécouverte et récupérée. De fait, ils ont commencé à venir dans le lieu saint pour vénérer la maison de l'Apôtre Pierre et la Synagogue. Les premières célébrations dans les ruines de Capharnaüm sont attestées au XVe siècle. Elles se faisaient simplement par la prière du Pater, de l’Ave, et Gloria, pour l'acquisition de l'indulgence. Plus tard au XVII e siècle la lecture de l'Evangile a été ajoutée (Jn 6, 24-59). Une fois acheté le sanctuaire de Capharnaüm en 1890, les frères ont célébré la fête de la Sainte Eucharistie dans la Synagogue. Aujourd'hui, deux solennités sont célébrées: la fête de l'Annonciation de la Sainte Eucharistie et celle de saint Pierre Apôtre. Les frères effectuent également deux pèlerinages, l'un dans l'octave de la Pentecôte et l'autre dans l'Octave du Corpus Domini.
C'est agréable beau de se rappeler comment, dans les prières collectives dédiées à la célébration de l'Annonciation de la Sainte Eucharistie à Capharnaüm, l'Eglise demande aux fidèles d'être dignes de prendre le Pain de vie, demande d’avoir la foi pour recevoir le don du Corps du Christ, demande l'espérance dans la vie éternelle, demande la charité pour se configurer au Christ dans le don de soi pour ses frères. Dans les prières, nous reconnaissons Dieu comme source de tout bien et, en Jésus-Sacrement, le don le plus grand fait en cadeau à l'homme. Par Dieu, nous demandons aussi la participation au Pain de vie éternelle pour qu’il soit source de vie également pour les autres. La participation à l’amour doit construire la fraternité entre les hommes. Les prières insistent pour avoir la force de mettre en œuvre cette charité qui constitue la fraternité et a sa source dans les paroles de vie éternelle et dans la communion au Corps et au Sang du Christ.
Les miracles
Jésus se manifeste à Capharnaüm par sa prédication, mais aussi par des miracles et des guérisons. Jésus ne veut pas se manifester par ses œuvres de guérison, il ne veut pas faire de la «publicité», mais les miracles qu'il accomplit le rendent très populaire et de cette manière il va attirer près de lui une grande foule qui lui demandera de recevoir la Grâce. Par ces miracles Jésus peut aussi révéler l’importance de sa mission : «Il a pris sur lui nos infirmités" (Isaïe 53: 4), cela revient à dire que Jésus se fait serviteur exprimant concrètement l'amour, principe et fin de l’activité de Jésus. Parmi les miracles les plus emblématiques rappelons ceux de la belle-mère de Pierre, du Paralytique, du serviteur du centurion, de l’hémorroïsse et de la fille de Jaïre.
Le serviteur du centurion
L’Évangile selon saint Matthieu (Mt 8, 1-13)
Quand il fut descendu de la montagne, des foules nombreuses se mirent à le suivre. Or voici qu'un lépreux s'approcha et se prosterna devant lui en disant : "Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier." Il étendit la main et le toucha, en disant : "Je le veux, sois purifié." Et aussitôt sa lèpre fut purifiée. Et Jésus lui dit : "Garde-toi d'en parler à personne, mais va te montrer au prêtre et offre le don qu'a prescrit Moïse : ce leur sera une attestation." Comme il était entré dans Capharnaüm, un centurion s'approcha de lui en le suppliant : "Seigneur, dit-il, mon enfant gît dans ma maison, atteint de paralysie et souffrant atrocement." Il lui dit : "Je vais aller le guérir" - "Seigneur, reprit le centurion, je ne mérite pas que tu entres sous mon toit ; mais dis seulement un mot et mon enfant sera guéri. Car moi, qui ne suis qu'un subalterne, j'ai sous moi des soldats, et je dis à l'un : Va ! et il va, et à un autre : Viens ! et il vient, et à mon serviteur : Fais ceci ! et il le fait." Entendant cela, Jésus fut dans l'admiration et dit à ceux qui le suivaient : "En vérité, je vous le dis, chez personne je n'ai trouvé une telle foi en Israël. Eh bien ! je vous dis que beaucoup viendront du levant et du couchant prendre place au festin avec Abraham, Isaac et Jacob dans le Royaume des Cieux, tandis que les fils du Royaume seront jetés dans les ténèbres extérieures : là seront les pleurs et les grincements de dents." Puis il dit au centurion : "Va ! Qu'il t'advienne selon ta foi ! " Et l'enfant fut guéri sur l'heure.
Bible de Jérusalem
L’Évangile selon saint Luc (Lc 7,1-10)
Après qu'il eut fini de faire entendre au peuple toutes ses paroles, il entra dans Capharnaüm. Or un centurion avait, malade et sur le point de mourir, un esclave qui lui était cher. Ayant entendu parler de Jésus, il envoya vers lui quelques-uns des anciens des Juifs, pour le prier de venir sauver son esclave. Arrivés auprès de Jésus, ils le suppliaient instamment : "Il est digne, disaient-ils, que tu lui accordes cela ; il aime en effet notre nation, et c'est lui qui nous a bâti la synagogue." Jésus faisait route avec eux, et déjà il n'était plus loin de la maison, quand le centurion envoya des amis pour lui dire : "Seigneur, ne te dérange pas davantage, car je ne mérite pas que tu entres sous mon toit ; aussi bien ne me suis-je pas jugé digne de venir te trouver. Mais dis un mot et que mon enfant soit guéri. Car moi, qui n'ai rang que de subalterne, j'ai sous moi des soldats, et je dis à l'un : Va ! et il va, et à un autre : Viens ! et il vient, et à mon esclave : Fais ceci ! et il le fait." En entendant ces paroles, Jésus l'admira et, se retournant, il dit à la foule qui le suivait : "Je vous le dis : pas même en Israël je n'ai trouvé une telle foi." Et, de retour à la maison, les envoyés trouvèrent l'esclave en parfaite santé.
Bible de Jérusalem
La belle-mère de Pierre
L’Évangile selon saint Matthieu (Mt 8, 14-17)
Etant venu dans la maison de Pierre, Jésus vit sa belle-mère alitée, avec la fièvre. Il lui toucha la main, la fièvre la quitta, elle se leva et elle le servait. Le soir venu, on lui présenta beaucoup de démoniaques ; il chassa les esprits d'un mot, et il guérit tous les malades, afin que s'accomplît l'oracle d'Isaïe le prophète : Il a pris nos infirmités et s'est chargé de nos maladies.
Bible de Jérusalem
L’Évangile selon saint Marc (Mc 1, 29-31)
Et aussitôt, sortant de la synagogue, il vint dans la maison de Simon et d'André, avec Jacques et Jean. Or la belle-mère de Simon était au lit avec la fièvre, et aussitôt ils lui parlent à son sujet. S'approchant, il la fit se lever en la prenant par la main. Et la fièvre la quitta, et elle les servait.
Bible de Jérusalem
L’Évangile selon saint Luc (Lc 4, 38-39)
Partant de la synagogue, il entra dans la maison de Simon. La belle-mère de Simon était en proie à une forte fièvre, et ils le prièrent à son sujet. Se penchant sur elle, il menaça la fièvre, et elle la quitta ; à l'instant même, se levant elle les servait.
Bible de Jérusalem
Le paralytique
L’Évangile selon saint Matthieu (Mt 9, 1-8)
S'étant embarqué, il traversa et vint dans sa ville. Et voici qu'on lui apportait un paralytique étendu sur un lit. Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : "Aie confiance, mon enfant, tes péchés sont remis." Et voici que quelques scribes se dirent par-devers eux : "Celui-là blasphème." Et Jésus, connaissant leurs sentiments, dit : "Pourquoi ces mauvais sentiments dans vos coeurs ? Quel est donc le plus facile, de dire : Tes péchés sont remis, ou de dire : Lève-toi et marche ? Eh bien ! pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés, lève-toi, dit-il alors au paralytique, prends ton lit et va-t-en chez toi." Et se levant, il s'en alla chez lui. A cette vue, les foules furent saisies de crainte et glorifièrent Dieu d'avoir donné un tel pouvoir aux hommes.
Bible de Jérusalem
L’Évangile selon saint Marc (Mc 2, 1-12)
Comme il était entré de nouveau à Capharnaüm, après quelque temps on apprit qu'il était à la maison. Et beaucoup se rassemblèrent, en sorte qu'il n'y avait plus de place, même devant la porte, et il leur annonçait la Parole. On vient lui apporter un paralytique, soulevé par quatre hommes. Et comme ils ne pouvaient pas le lui présenter à cause de la foule, ils découvrirent la terrasse au-dessus de l'endroit où il se trouvait et, ayant creusé un trou, ils font descendre le grabat où gisait le paralytique. Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : "Mon enfant, tes péchés sont remis." Or, il y avait là, dans l'assistance, quelques scribes qui pensaient dans leurs coeurs : "Comment celui-là parle-t-il ainsi ? Il blasphème ! Qui peut remettre les péchés, sinon Dieu seul ? " Et aussitôt, percevant par son esprit qu'ils pensaient ainsi en eux-mêmes, Jésus leur dit : "Pourquoi de telles pensées dans vos coeurs ? Quel est le plus facile, de dire au paralytique : Tes péchés sont remis, ou de dire : Lève-toi, prends ton grabat et marche ? Eh bien ! pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir de remettre les péchés sur la terre, je te l'ordonne, dit-il au paralytique, lève-toi, prends ton grabat et va-t'en chez toi." Il se leva et aussitôt, prenant son grabat, il sortit devant tout le monde, de sorte que tous étaient stupéfaits et glorifiaient Dieu en disant : "Jamais nous n'avons rien vu de pareil."
Bible de Jérusalem
L’Évangile selon saint Luc (Lc 5, 17-26)
Et il advint, un jour qu'il était en train d'enseigner, qu'il y avait, assis, des Pharisiens et des docteurs de la Loi venus de tous les villages de Galilée, de Judée, et de Jérusalem ; et la puissance du Seigneur lui faisait opérer des guérisons. Et voici des gens portant sur un lit un homme qui était paralysé, et ils cherchaient à l'introduire et à le placer devant lui. Et comme ils ne savaient par où l'introduire à cause de la foule, ils montèrent sur le toit et, à travers les tuiles, ils le descendirent avec sa civière, au milieu, devant Jésus. Voyant leur foi, il dit : "Homme, tes péchés te sont remis." Les scribes et les Pharisiens se mirent à penser : "Qui est-il celui-là, qui profère des blasphèmes ? Qui peut remettre les péchés, sinon Dieu seul ? " Mais, percevant leurs pensées, Jésus prit la parole et leur dit : "Pourquoi ces pensées dans vos coeurs ? Quel est le plus facile, de dire : Tes péchés te sont remis, ou de dire : Lève-toi et marche ? Eh bien ! pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés, je te l'ordonne, dit-il au paralysé, lève-toi et, prenant ta civière, va chez toi." Et, à l'instant même, se levant devant eux, et prenant ce sur quoi il gisait, il s'en alla chez lui en glorifiant Dieu. Tous furent alors saisis de stupeur et ils glorifiaient Dieu. Ils furent remplis de crainte et ils disaient : "Nous avons vu d'étranges choses aujourd'hui ! "
Bible de Jérusalem
La fille de Jaïre
L’Évangile selon saint Matthieu (Mt 9, 18-19)
Tandis qu'il leur parlait, voici qu'un chef s'approche, et il se prosternait devant lui en disant : "Ma fille est morte à l'instant ; mais viens lui imposer ta main et elle vivra."19 Et, se levant, Jésus le suivait ainsi que ses disciples.
Bible de Jérusalem
L’Évangile selon saint Marc (Mc 5, 35-43)
Tandis qu'il parlait encore, arrivent de chez le chef de synagogue des gens qui disent : "Ta fille est morte ; pourquoi déranges-tu encore le Maître ? " Mais Jésus, qui avait surpris la parole qu'on venait de prononcer, dit au chef de synagogue : "Sois sans crainte ; aie seulement la foi." Et il ne laissa personne l'accompagner, si ce n'est Pierre, Jacques et Jean, le frère de Jacques.38 Ils arrivent à la maison du chef de synagogue et il aperçoit du tumulte, des gens qui pleuraient et poussaient de grandes clameurs. Etant entré, il leur dit : "Pourquoi ce tumulte et ces pleurs ? L'enfant n'est pas morte, mais elle dort." Et ils se moquaient de lui. Mais les ayant tous mis dehors, il prend avec lui le père et la mère de l'enfant, ainsi que ceux qui l'accompagnaient, et il pénètre là ou était l'enfant. Et prenant la main de l'enfant, il lui dit : "Talitha koum", ce qui se traduit : "Fillette, je te le dis, lève-toi ! " Aussitôt la fillette se leva et elle marchait, car elle avait douze ans. Et ils furent saisis aussitôt d'une grande stupeur. Et il leur recommanda vivement que personne ne le sût et il dit de lui donner à manger.
Bible de Jérusalem
L’Évangile selon saint Luc (Lc 8, 49-56)
Tandis qu'il parlait encore, arrive de chez le chef de synagogue quelqu'un qui dit : "Ta fille est morte à présent ; ne dérange plus le Maître." Mais Jésus, qui avait entendu, lui répondit : "Sois sans crainte, crois seulement, et elle sera sauvée." Arrivé à la maison, il ne laissa personne entrer avec lui, si ce n'est Pierre, Jean et Jacques, ainsi que le père et la mère de l'enfant. Tous pleuraient et se frappaient la poitrine à cause d'elle. Mais il dit : "Ne pleurez pas, elle n'est pas morte, mais elle dort." Et ils se moquaient de lui, sachant bien qu'elle était morte. Mais lui, prenant sa main, l'appela en disant : "Enfant, lève-toi." Son esprit revint, et elle se leva à l'instant même. Et il ordonna de lui donner à manger.56 Ses parents furent saisis de stupeur, mais il leur prescrivit de ne dire à personne ce qui s'était passé.
Bible de Jérusalem
L’hémorroïsse
L’Évangile selon saint Matthieu (Mt 9, 20-22)
Or voici qu'une femme, hémorroïsse depuis douze années, s'approcha par derrière et toucha la frange de son manteau. Car elle se disait en elle-même : "Si seulement je touche son manteau, je serai sauvée." Jésus se retournant la vit et lui dit : "Aie confiance, ma fille, ta foi t'a sauvée." Et de ce moment la femme fut sauvée.
Bible de Jérusalem
L’Évangile selon saint Marc (Mc 5, 25-34)
Il partit avec lui, et une foule nombreuse le suivait, qui le pressait de tous côtés. Or, une femme atteinte d'un flux de sang depuis douze années, qui avait beaucoup souffert du fait de nombreux médecins et avait dépensé tout son avoir sans aucun profit, mais allait plutôt de mal en pis, avait entendu parler de Jésus ; venant par derrière dans la foule, elle toucha son manteau. Car elle se disait : "Si je touche au moins ses vêtements, je serai sauvée." Et aussitôt la source d'où elle perdait le sang fut tarie, et elle sentit dans son corps qu'elle était guérie de son infirmité. Et aussitôt Jésus eut conscience de la force qui était sortie de lui, et s'étant retourné dans la foule, il disait "Qui a touché mes vêtements ? " Ses disciples lui disaient : "Tu vois la foule qui te presse de tous côtés, et tu dis : Qui m'a touché ? " Et il regardait autour de lui pour voir celle qui avait fait cela. Alors la femme, craintive et tremblante, sachant bien ce qui lui était arrivé, vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité. Et il lui dit : "Ma fille, ta foi t'a sauvée ; va en paix et sois guérie de ton infirmité."
Bible de Jérusalem
L’Évangile selon saint Luc (Lc 8, 40-48)
A son retour, Jésus fut accueilli par la foule, car tous étaient à l'attendre. Et voici qu'arriva un homme du nom de Jaïre, qui était chef de la synagogue. Tombant aux pieds de Jésus, il le priait de venir chez lui, parce qu'il avait une fille unique, âgée d'environ douze ans, qui se mourait. Et comme il s'y rendait, les foules le serraient à l'étouffer. Or une femme, atteinte d'un flux de sang depuis douze années, et que nul n'avait pu guérir, s'approcha par derrière et toucha la frange de son manteau ; et à l'instant même son flux de sang s'arrêta. Mais Jésus dit : "Qui est-ce qui m'a touché ? " Comme tous s'en défendaient, Pierre dit : "Maître, ce sont les foules qui te serrent et te pressent." Mais Jésus dit : "Quelqu'un m'a touché ; car j'ai senti qu'une force était sortie de moi." Se voyant alors découverte, la femme vint toute tremblante et, se jetant à ses pieds, raconta devant tout le peuple pour quel motif elle l'avait touché, et comment elle avait été guérie à l'instant même. Et il lui dit : "Ma fille, ta foi t'a sauvée ; va en paix."
Bible de Jérusalem
L'appel
La première action que Jésus développe dans son ministère de vie publique est la «vocation», l'appel des deux premiers disciples. Jésus les appelle par leur nom, les appelle à suivre son chemin, en leur demandant de quitter tout ce qu'ils font pour la nouvelle qui leur est annoncée et la mission à laquelle ils participeront. Cet appel exige tout d’abord une conversion, c'est-à-dire de tourner son regard vers Lui et de le suivre avec le désir de se conformer à sa personne. La vocation trouve déjà une première révélation dans le nom de chacun, c’est pour cette raison que Jésus a appelé Simon, Pierre, parce que sa mission comme son appel sera d'être le roc sur lequel sera fondée l'Église du Christ. D’ailleurs, les apôtres sont appelés un par un et par leur nom, pour être identifié chacun dans leur unicité.
Dans l'appel la première expérience que l'homme fait est celle d’une forte et intime relation avec Dieu. Seul ce type de relation peut permettre aux disciples, qui se sentent aimés, de choisir de suivre Jésus dans une radicalité totale. La promesse que Jésus fait à Pierre et à André est très grande et demande un abandon et une confiance totale. Abandonner ses propres modèles et ses points de vue, pour accepter la vie comme un don de Dieu dans son intégralité, pour accepter l'appel comme un nouveau chemin à parcourir, en laissant de côté ses propres projets. On peut ici parler de deux types d'appels: l'un qui exige la foi des disciples et l'autre qui les appelle à la perfection, à suivre le chemin du Maître de manière inconditionnelle.
Les lieux et les moments où les disciples rencontrent Jésus sont ceux de leur vie quotidienne. C’est d’ailleurs dans ce contexte que Jésus se tourne vers Pierre et André, les appelants à le suivre. Il les appelle alors qu'ils sont en train de faire leur travail, de s’occuper de leur vie.
Même le langage que Jésus utilise avec ses disciples, rejoint l’environnement d’où ils viennent et est proche de leur culture. Il s’est adressé à eux, en leur disant: «Suivez-moi, je vous ferai pêcheurs d'hommes». A partir de ce moment, ce qui était leur simple vie de pêcheurs sur la mer de Galilée, devient une nouvelle vocation de mission et de proclamation de l'Amour de Dieu. Ils quittèrent alors les filets, la barque et leur famille pour suivre Jésus.
Nous pouvons aussi voir que l'appel arrive par deux ; deux frères sont appelés, Pierre et André. C'est parce que la paire est à la base de la fraternité et la vocation trouve son accomplissement dans la vie communautaire. En outre, la mission à laquelle ils seront appelés, va se réaliser de manière complète, se partager et s’expérimenter au sein d'une communauté. Nous voyons ici une nouvelle étape: les disciples sont appelés à porter le message de l’annonce de la Bonne Nouvelle et de l’Amour de Jésus pour tous les hommes. La mission est l'expression et le résultat naturel de celui qui se sent aimé et appelé par le Seigneur. Comme on l’a déjà dit, la vocation et la mission sont communautaires, parce que la communauté est le point de départ et de destination de chaque appel. De fait, c’est uniquement en étant en relation avec les frères que les disciples peuvent faire l'expérience de la filiation, car il n'est pas possible de se reconnaître fils si on ne découvre par aussi la fraternité. C’est dans ce contexte que l'Eglise est née, première communauté de foi enracinée en Jésus.
La vraie Eglise: Marie e Pierre
Marie, la Mère de Jésus est venue aussi à Capharnaüm, avec Jésus et pour Jésus (Jn 2,12, Mc 3,31 ss cf La T.S. 1990, 242-46). Ici, elle se révèle à nous et se donne comme «la Vierge à l’écoute» (MC 17), comme «la première disciple de son Fils» (Red. Mater 20.): Première dans tous les sens, par le temps et par sa qualité (LG 58). Ici, dans la maison de Simon Pierre, elle a certainement rencontré le prince des apôtres. Et c'est ainsi que la double dimension mariale et pétrinienne-apostolique de la véritable Église a commencé, révélée par Ste Brigitte de Suède au XIVe siècle (Revel. IV 139s) et, plus proche de nous, par Jean-Paul II (disc 22/12/1987).
L. Cignelli, La grâce des Lieux Saints, Jérusalem 2005, 45-46.
Marie:la mère de Jésus
"Il s’agissait d’une sorte d’action combinée par une entente: elle priait, Jésus agissait, Jésus prêchait et accomplissait des miracles, elle collaborait avec tout le sacrifice d’elle-même." (G. Venturini, la femme de Nazareth, Gênes 1988, 105)
L’information biblique sur les deux séjours de Marie à Capharnaüm, est comme d'habitude, à la fois très synthétique, mais d’un contenu inépuisable et toujours plein de surprises. Nous pouvons y puiser sans fin (Psaume 119.96; Sag 7,14), pour notre édification et consolation (Act 20.32, Rm 15.4).
Le premier séjour nous est raconté par un témoin oculaire: l'Apôtre St Jean, celui que Jésus aimait (Jn 19:26), le disciple le plus proche du Maître comme le pensait Saint- Ephrem le Syrien (De virg. 25.9) et Maria Valtorta (c 11,54 et 434).
«Après cela, il descendit à Capharnaüm avec sa mère, ses frères et ses disciples, et ils n’y demeurèrent que peu de jours» (Jn 2,12). Ce fut donc un court séjour, de «peu de jours», qui a eu lieu probablement dans la maison de Simon Pierre (Mc 1,29; 2, I), pour lequel il n’y a pas du avoir d’épisodes regrettables. Capharnaüm, comme Nazareth, n’avait pas encore déçu Jésus, ce qui se passera plus tard (Luc 4,22 ss; 10,15, 11,23 Mt s).
Inutile de préciser que le Seigneur, et avec lui sa mère, viennent à Capharnaüm, comme déjà à Cana et ailleurs, uniquement pour faire le bien (cf. Lc 1, 39ss, 4,31 ss, Actes 10,38). "Tout ce qui est fait par Jésus est un mystère et sert à notre salut», nous rappelle Saint-Jérôme (In Marcum 11, 1-10).
Quand à la Madone, c’est elle qui, dans cette première visite à Capharnaüm, poursuit le travail commencé officiellement à Cana ; celle de médiatrice de toutes grâces et d’éducatrice des frères et des disciples de son Fils. Ainsi Marie, la femme fidèle, rachète et porte la sublime vocation de la femme : semer partout la bonté et la joie (Luc 1,39 ss, Jean 2, 1 s.), tandis qu’Eve, la femme infidèle, sème partout la division et la douleur (Gn 3,6SS, Sir 25, 12ss). Bien sûr, ici comme ailleurs, la mère met tout en parfaite harmonie avec le Fils. Les deux semblent inséparables déjà dans l'Evangile, comme il en sera alors dans la liturgie et dans la vie authentique de l'Église. C'est ce qu’ont toujours enseignés les mystiques, ces poètes du monde spirituel.
Ainsi Marie est, à Capharnaüm, toujours donnée à la personne et à l'œuvre du Fils, «au service du mystère de la rédemption en Lui et avec Lui" (LG 56), faisant tout comme si elle était sur la pointe des pieds. Par ailleurs, sa présence, cependant discrète, reste malgré tout toujours visible. Ainsi les habitants du village peuvent la voir et apprendre à la connaître, au moins de visage, afin qu'un jour ils puissent dire: « De lui nous connaissons…sa mère ...» (Jn 6,42).
Le deuxième séjour nous est raconté par les évangiles synoptiques, en particulier par Saint- Marc qui en parle sous une forme plus large. Nous donnons donc la préférence à son récit. Mais d'abord, un mot sur le contexte.
Jésus est un enfant différent des autres et d’ailleurs contesté par les dirigeants politiques et par les religieux du pays (Marc 2,6 ss, 3, 2.6.22ss). Sa mère le suit comme elle peut et accourt chaque fois que son intuition maternelle lui fait pressentir quelques dangers. A un certain moment, le gênant Prophète est accusé d’avoir perdu le sens, évidemment dans le but de le faire mettre dehors (Mc 3,21). Nous savons que entre les fous et les délinquants la différence est faible et la fin concrète est la même pour tous: l'un comme l'autre doit être interné car dangereux pour la population ...
D’où précisément la préoccupation des membres de sa famille et, en particulier, de ceux de sa Mère pour qui «toutes ses pensées se tournent toujours et uniquement vers le Fils de Dieu et le sien" (Saint Bernardin de Sienne).
«Sa mère et ses frères arrivent et, se tenant dehors, ils le firent appeler. Il y avait une foule assise autour de lui. Et on lui dit: - Voici que ta mère et tes frères et tes sœurs sont là dehors qui te cherchent. Il leur répond: - Qui est ma mère ? et mes frères - Puis promenant son regard sur ceux qui étaient assis en rond autour de lui, il dit : Voici ma mère et mes frères. Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m’est un frère, et une sœur et une mère ». "(Mc 3,20 à 21 31-35.).
Bien sûr, nous devons distinguer la Mère des autres parents du Seigneur: ceux-ci, malheureusement, ne croient pas en lui (Jn 7,6). Elle en revanche est la croyante « bienheureuse » et exemplaire (Lc 1,45), si bien qu'un jour le Fils Lui-même la donnera comme « mère » et encouragera la nouvelle famille qu’il a formé (Jn 19,26 s). Lui, d'ailleurs, ne peut pas être en reste de générosité (Mc I 0,29). Comme la Mère nous porte et nous donne le Fils (Jn 2,5), ainsi le Fils nous porte et nous donne à la Mère (cf. Jn 19,26). Et les vrais croyants, qui accueillent Jésus de Marie, comme on accueille Marie de Jésus (Lc 1,42 s; Jn 19,27), deviennent participants de sa béatitude filiale. La Vierge Mère est en fait le don le plus exquis de notre Père céleste au Fils fait homme, et en lui, à tous les croyants. «Qui est plus belle et douce que Marie?" (Santa Gabriele del’Addolorata). Et surtout « la meilleure des mères »(pape Jean).
C’est ainsi que l'Eglise catholique, guidée par l'Esprit de vérité (Jn 16,13), a toujours compris l'épisode en question et un autre semblable (Lc 11, 27s): «Pendant Sa prédication, (la Mère) récoltait ces paroles avec lesquelles son Fils, proclamant le Règne au dessus des rapports et des liens de la chair et du sang, proclamait bienheureux ceux qui l’écoutaient et suivaient la Parole de Dieu (cf. Mc 3,35 Lc 11,27 s), comme elle le fit fidèlement (cf. Lc 2:19, 51) "(LG 58): Elle qui était « la Vierge à l’écoute »(mae. Cultus 17), « la première disciple de son Fils », « la première par le temps et par la qualité » (Red. Mater. 20), en d'autres termes «la première de la classe» (G. Meaolo).
À son tour, Ste Thérèse souligne avec une fine perspicacité, la joie de la Vierge pour les paroles de Jésus sur la parenté spirituelle: «Ô Vierge Immaculée, ô tendre mère vous n’êtes pas affligée en écoutant Jésus. Vous vous réjouissez qu’Il nous fasse comprendre que notre âme devienne de sa famille ici. Oui, vous vous réjouissez qu’Il nous donne sa vie, les trésors infinis de sa divinité. Comment pouvons-nous ne pas vous aimer, ô, Marie, pour toute votre bonté pour nous? " (Poésie 34, 21 : Ed. Ancora, 1968, 230).
La Madone est une mère et en tant que telle, ne connaît pas la jalousie ni la rivalité: elle est pur amour pour nous, fils dans le Fils (Gal 3:26), elle se donne selon les besoins de chacun (Actes 1.14, 4, 35). C'est pour cela que "l'Eglise catholique, éclairée par le Saint-Esprit, avec la tendresse de la piété filiale, la vénère comme la mère très aimée" (LG 53), «une mère très aimante» (Paul VI, Disc. 21/11/64), et l’imite « comme une figure et un modèle admirable de foi et de charité»(LG 53).
Marie est le modèle, a précisé Paul VI, « parce que, dans sa vie qui lui est propre, elle a adhéré pleinement et de façon responsable à la volonté de Dieu (cf. Lc 1,38), parce qu’elle a écouté la parole et la mise en pratique ; parce que son action était animée de charité et d'esprit de service ; parce qu’enfin elle fut la première et la plus parfaite disciple du Christ, lui qui a une valeur exemplaire, universelle et permanente »(Mar. cultus 35). Par elle donc, mère et modèle, nous pouvons et nous devons apprendre à vivre la foi chrétienne, comment l’Eglise ou plutôt l’humanité authentique et entière, devient libérée et promise au divin. Et c'est Lui-même, Jésus, qui le veut. A Cana la Mère nous a mis à l'école du Fils (Jn 2,5); ici, à Capharnaüm, c’est le Fils qui nous met à l'école de sa Mère. Il veut que nous apprenions d'elle à devenir une famille, c’est à dire «frère, sœur et mère» (Mc 3,35). Lui qui s’est réalisé, partageant justement ce oui de la «parole-volonté de Dieu» (Lc 8,21 et Mc 3,35) qui a fait la vraie grandeur de la Mère (Lc 1,45, 11,28) et qui, pour tous, constitue le secret de toute vitalité et fécondité spirituelles, car «tout » naît et grandit par «la Parole de Dieu vivante et éternelle» (L Pt 1.23, 2.2, Ps 33,9). Pour nous dès lors, accepter Marie comme mère et modèle de vie, est à la fois un devoir et un intérêt. Cela signifie partager le choix du disciple bien-aimé (Jean 19:27) et de l'Eglise primitive (Ac 1,14): un choix extrêmement bénéfique, qui sauve et christifie (tout le dit). Rappelons nous les paroles prophétiques de Paul VI: «Si nous voulons être des chrétiens, nous devons être marials» (Homélie 24/04/70).
L' apôtre Pierre
Ici, Jésus a choisi les premiers collaborateurs ou apôtres avec Simon Pierre comme chef (Lc 5,10 s). De cet homme, qui sera son vicaire, il a tout pris ; sa personne, son métier, sa maison, portant chaque chose à sa perfection (Luc 4.38; 5.3. Ff)
L. Cignelli, La grâce des lieux saints, Jérusalem 2005, 45.
Extrait de Michael Mazzeo, Pierre Rocher de l'Eglise, Ed. Paoline, 2004, Milan, pp 34-46.
Le vocabulaire technique utilisé par les pêcheurs est disséminé dans tout le passage, ce qui suggère au lecteur de prendre au sérieux l'image de la pêche comme une métaphore de l'œuvre de Jésus et comme image de l'Eglise du temps présent (Augustin). Puisque le Christ est présent sur la barque, elle devient un symbole de l'Eglise (Maxime de Turin). Le miracle concerne la pêche des hommes, qui, à travers le ministère de la grâce, fonda l’Eglise et la fit croître jusqu'à maintenant. Jésus conduit le peuple à son Église par la prédication de l'Evangile (Cyrille d'Alexandrie). Cette Eglise est appelée à la barre de navigation comme Noé (Maxime de Turin). Comme les prophètes ont travaillé toute la nuit, les apôtres aussi donc. Une barque représente les Juifs, et l’autre trop pleine, les Gentils (Ephrem le Syrien). Pierre, comme les démons, reconnaît que Jésus est le Saint de Dieu et sa crainte vient du fait qu’il est en présence de la sainteté en tant que pécheur (Cyrille d'Alexandrie). Pêcher les hommes signifie leur prêcher le royaume de Dieu en Jésus et les amener dans ce royaume par le sacrement de l'Eglise (Maxime de Turin).
La Bible commentée par Padrl- Nouveau testament au soin de A.A. Just Jr, Ville Nouvelle, Rome 2006.
L'apôtre Pierre, l'apôtre de la primauté, celui qui a été appelé sur les rives de la mer de Galilée, répond avec immédiateté et générosité. Le contexte dans lequel résonne son appel est celui de sa vie quotidienne, mais qui déjà révèle la mission que Simon développera dans sa vie. Jésus lui dit: «Je vais faire de toi un pêcheur d'hommes" en l'appelant à sa future mission en tant que chef de l'Eglise. Le rôle de Pierre sera toujours celui d'un leader, un rôle important dans le groupe des apôtres, il sera toujours le porte-parole et le point de référence. Sa relation avec Jésus le transforme profondément et il est également révélé que cette relation devient si familière que sa maison devient le centre et le lieu où Jésus vit. Cela montre la relation d'intimité et la familiarité créée entre le maître et le disciple. Jésus entre dans la maison de Pierre, il vit ici comme si c'était sa maison.
Pierre sera aussi faible et fragile, mais cela montre clairement que Pierre est le premier par la grâce, non par le mérite!
Ce sera dans cette dimension que Jésus va donner un nouveau nom à l’apôtre qui ne s'appelle plus Simon, mais Pierre (Cephas / Rocher) précisant encore plus sa vocation: il est le fondement du rocher de la nouvelle communauté que le Christ est en train de fonder appelant ses disciples à le suivre et à vivre avec lui.
L'Evangile révélé aux petits
L'Evangile révélé aux petits (Mt 11, 25-27)
En ce temps-là Jésus prit la parole et dit : "Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l'avoir révélé aux tout-petits. Oui, Père, car tel a été ton bon plaisir. Tout m'a été remis par mon Père, et nul ne connaît le Fils si ce n'est le Père, et nul ne connaît le Père si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler.
Bible de Jérusalem
L’Évangile selon saint Matthieu (Mt 18, 1-5)
A ce moment les disciples s'approchèrent de Jésus et dirent : "Qui donc est le plus grand dans le Royaume des Cieux ? " Il appela à lui un petit enfant, le plaça au milieu d'eux et dit : "En vérité je vous le dis, si vous ne retournez à l'état des enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume des Cieux. Qui donc se fera petit comme ce petit enfant-là, celui-là est le plus grand dans le Royaume des Cieux. "Quiconque accueille un petit enfant tel que lui à cause de mon nom, c'est moi qu'il accueille.
Bible de Jérusalem
L’Évangile selon saint Marc (Mc 9, 33-37)
Ils vinrent à Capharnaüm ; et, une fois à la maison, il leur demandait : "De quoi discutiez-vous en chemin ? " Eux se taisaient, car en chemin ils avaient discuté entre eux qui était le plus grand. Alors, s'étant assis, il appela les Douze et leur dit : "Si quelqu'un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous." Puis, prenant un petit enfant, il le plaça au milieu d'eux et, l'ayant embrassé, il leur dit : "Quiconque accueille un des petits enfants tels que lui à cause de mon nom, c'est moi qu'il accueille ; et quiconque m'accueille, ce n'est pas moi qu'il accueille, mais Celui qui m'a envoyé."
Bible de Jérusalem
L’Évangile selon saint Luc (Lc 9, 46-48)
Une pensée leur vint à l'esprit : qui pouvait bien être le plus grand d'entre eux ? Mais Jésus, sachant ce qui se discutait dans leur coeur, prit un petit enfant, le plaça près de lui, et leur dit : "Quiconque accueille ce petit enfant à cause de mon nom, c'est moi qu'il accueille, et quiconque m'accueille accueille Celui qui m'a envoyé ; car celui qui est le plus petit parmi vous tous, c'est celui-là qui est grand."
Bible de Jérusalem