Le jour de l’épiphanie 2007 à Bethléem | Custodia Terrae Sanctae

Le jour de l’épiphanie 2007 à Bethléem

« Voilà, Noël est passé ». Ainsi s’exprimait une habitante de Bethléem à la fin des festivités de l’épiphanie dans la ville.

Noël, est, avec Pâques, la seule solennité à avoir un octave, c’est-à-dire une semaine durant laquelle on prolonge la fête. Pourtant c’est avec l’épiphanie qu’en Terre Sainte, 15 jours le 25 décembre, que Noël semble s’achever. Et c’est vrai qu’à Bethléem, les célébrations qui entourent l’épiphanie ne revêtent pas moins de solennités que la fête de Noël elle-même.

La veille, il y a eut l’entrée du Custode, les deux processions à la grotte pour les premières vêpres et pour l’office des lectures, à minuit une messe à la grotte à laquelle assistent quelques fidèles locaux. Et puis le jour même il y a deux célébrations importantes. D’abord la messe. Elle est présidée par le Custode, dite majoritairement en arabe et chantée par le chœur de la Custodie. L’assistance est nombreuse et joyeuse. Les chrétiens de Bethléem aiment cette messe qui prolonge celle de Noël et qui est plus intime en quelque sorte car les pèlerins sont beaucoup moins nombreux. C’est le père Amjad sabbar, ofm, curé de la paroisse, qui a prononcé l’homélie. « L’épiphanie c’est la fête de la révélation, de la manifestation que cet enfant né à Bethléem a changé la face du monde. L’épiphanie, c’est le croisement entre la culture, celle des mages, qui se laissent conduire par une étoile, et la Bible, qui avait annoncé cette naissance ici. Le Christ donne la plénitude de son sens à la culture, comme à la bible, comme il donne plénitude de sens à chacune de nos vies. Et nous devons donner une réponse vraie au don que le Christ nous fait de lui-même. Jésus a illuminées nos vies de sa vie, nous devons faire en sorte qu’à notre tour nous devenions des gens qui illuminent la vie des autres. » Mais après la messe l’office que les fidèles attendent, c’est celui des deuxièmes vêpres. Occasion d’une nouvelle procession qui mène les frères à la grotte de la Nativité. Là les franciscains offrent symboliquement en offrande à l’enfant Jésus, l’or, représentée par une rose en or offerte par le pape Paul VI, l’encens et la myrrhe. A vrai dire ce geste n’est pas ancestral dans la procession. La procession elle est inscrite dans le status quo. Ce jour là, environ à cette heure là, les franciscains doivent faire une procession.

Cela fait des siècles que ça dure. Mais ce qu’ils chantent, les gestes qu’ils posent dans la grotte sont libres et depuis deux ans, les frères de la Custodie chargés de la liturgie essaient de faire correspondre au plus près les horaires du status quo et la liturgie conciliaire et puisqu’il faut occuper un temps donné, ils essaient de lui donner le plus de sens possible en rapport à la fête. Ainsi ce don des mages. Le Custode pose tour à tour la rose d’or, ainsi que la myrrhe et l’encens, sur l’étoile d’argent qui marque le lieu de la naissance du Christ, puis dans la crèche, ou trône assis un enfant Jésus-Roi (il a été installé là dans la nuit).

Tous les frères sont de la procession, c’est le seul regret des chrétiens locaux. « On ne sait pas ce qui se passe dans la grotte, on attend, un chapelet, un deuxième chapelet, c’est dommage qu’il n’y ait aucune animation en haut dans l’attente du retour de la procession, il pourrait y avoir des chants pour soutenir la prière de ceux qui ne peuvent pas entrer dans la grotte. » Mais au retour, de l’animation, il y en a. Dans la crèche le Custode a pris dans ses bras l’enfant-Roi et le porte pour une procession dans le cloître de saint Jérome, les rois mages le précèdent, ainsi que le choeur de la Custodie une partie de l’assistance qui les rejoint le suit. Le reste de l’assemblée attend dans l’église que la procession remonte la nef. Dans la foule, des mains se tendent vers le frère Noël qui tient la myrhhe, il verse sur les mains tendues un peu du précieux parfum, de son coté le frère Stéphane qui porte l’encens dans une boite ouverte voit les mains se tendre et… se servir. C’est du vrai encens et c’est celui qui sert à la cérémonie, il faudrait qu’il en reste pour les derniers encensements si bien que le frère Stéphane est obligé de distribuer plutôt que de se faire « piller » petit à petit… La dévotion populaire va continuer à s’exercer puisque l’Enfant-roi est proposé à l’adoration des fidèles qui viennent l’embrasser. Pour les chrétiens de rite latin, la fête est finie. Pour les orthodoxes, elle occupera toute la nuit à venir.

MAB