La fête de la Transfiguration nous rappelle que chaque homme a été créé dans la lumière | Custodia Terrae Sanctae

La fête de la Transfiguration nous rappelle que chaque homme a été créé dans la lumière

Mont Tabor, 6 Août

Une atmosphère de grande fête et de joie sincère a enveloppé le Mont Tabor, en arabe Gebel al-Tabor, en ce matin du 6 août, à l’occasion de la Solennité de la Transfiguration du Seigneur, antique commémoration célébrée depuis de nombreux siècles tant par la liturgie orientale que par la liturgie occidentale. Le contexte évocateur et émotionnant de ce singulier sommet de Galilée qui se dresse, solitaire, à près de 600 mètres au-dessus du niveau de la mer et offre une vue splendide sur toute la plaine environnante, a constitué le cadre de la célébration solennelle qui a eu lieu en la Basilique franciscaine se trouvant au sommet de la colline et réalisée en ce lieu par l’architecte Antonio Barluzzi sur d’antiques ruines byzantines et croisées.

La Messe, présidée par le Père Custode, le Frère Pierbattista Pizzaballa, a été célébrée au maître-autel qui surmonte la crypte faisant mémoire de la transfiguration de Jésus. Au fonds, la mosaïque représentant l’événement extraordinaire ayant eu lieu sur le Tabor, orne la voûte de la nef centrale de l’abside. Ont participé à la cérémonie, outre Frère Mario Hadchiti, Gardien du Couvent du Mont Tabor, qui a concélébré et donné l’homélie, de nombreux autres frères de la famille franciscaine de Terre Sainte ainsi que de nombreux prêtres appartenant à d’autres communautés religieuses qui ont voulu partager la joie de cette fête.

Un climat de recueillement et de profonde participation a uni les nombreuses personnes rassemblées sur le Tabor pour l’occasion, dont de très nombreux chrétiens de langue arabe des communautés voisines de Galilée mais également des religieux, de petits groupes de pèlerins et d’autres chrétiens de Terre Sainte, provenant de différents lieux d’Israël mais aussi des régions palestiniennes de Bethléem, Beit Jala et Beit Sahur.

Au terme de la Messe, a eu lieu la traditionnelle procession, accompagnée par les chants religieux arabes qui, de la Basilique, a porté à la chapelle à voûtes dite du « Descendentibus », une petite construction qui fait mémoire de la recommandation adressée par Jésus aux trois Apôtres témoins de la Transfiguration de ne pas révéler l’événement avant Sa Résurrection (Mt 17, 9).

La Transfiguration est un événement historique, un épisode de la vie de Jésus, un moment où Il lève le voile sur la dimension métahistorique, faisant entrevoir la nature divine et glorieuse du Christ, qui porte à son accomplissement une longue tradition d’attente messianique et jette une lumière nouvelle sur la valeur de la nature humaine, dévoilant le véritable sens et le vrai destin de chaque homme, voué à une élection personnelle au bien et à la participation à l’intimité de la vie de Dieu.

La Transfiguration est d’abord et avant tout une manifestation de la disposition divine essentielle à la communion au sein de laquelle Moïse et Elie, deux grands amis du Seigneur et acteurs de ce long voyage que le Seigneur accomplit aux côtés du peuple juif qui culmine avec la venue du Christ dans l’histoire, participent à la révélation des biens les plus précieux gardés en Dieu, de Son Visage ardent dans la gloire du Fils bien aimé. Dieu, en effet, montre à plusieurs reprises Son Visage d’ami de l’homme juste : Moïse est, en particulier, l’ami auquel Dieu concède de parler « face à face, comme un homme parle à un autre » (Ex 33, 11) et le prophète Elie est ici appelé à représenter tous les prophètes. Il est considéré par la Tradition chrétienne comme le plus important des grands mystiques avec Moïse et Saint Paul.
Sont ensuite appelés à être témoins de l’événement trois des amis les plus chers de Jésus, à savoir les Apôtres Pierre, Jacques et Jean, de simples hommes de Galilée devenus à l’improviste les acteurs de la plus grande de toutes les histoires. Peu de temps après avoir contemplé le visage de Jésus transfiguré et lumineux, ils accompagneront le Christ dans sa veillée nocturne au Gethsémani et verront ce même visage bouleversé par la souffrance en l’heure la plus sombre qui marque le début de la Passion. Et dans ce mystère se cache l’un des plus grands défis de l’homme : continuer à découvrir la gloire et la grandeur de Dieu dans le drame mortifiant de la croix.

Voilà alors que la Transfiguration s’ouvre sur un message très élevé qui s’adresse à chaque homme, créé à l’image de Dieu et appelé à Lui ressembler toujours davantage au cours de sa vie. Le Père Pizzaballa insiste sur le fait que « sur le Tabor, Jésus nous a restitué la dignité de fils de Dieu du temps de la Création parce que l’homme a été créé dans la lumière. Le Tabor est l’anticipation de ce que nous serons tous, et même de ce que nous sommes déjà, grâce à la participation à la Résurrection de Jésus ». La Transfiguration nous invite à recomposer de manière originale les dimensions subjectives réelle et idéale présentes en tout homme, à aimer l’actualité de la personne avec ses misères et ses pauvretés, à la lumière de son « véritable sens humain », de ce noyau caché de bien que l’âme renferme comme témoignage de l’idéal, comme adhésion à la Vérité. Le visage de l’autre, observe Emmanuel Lévinas, porte en soi dans son expressivité, dans sa nudité, dans sa fragilité, une « trace de l’Infini » parce que « la dimension du divin s’ouvre à partir du visage humain et son épiphanie consiste à nous solliciter au travers de sa misère dans le visage de l’Etranger, de la veuve et de l’orphelin ». Et le regard de Jésus ne néglige rien, n’exclue rien, ne s’éloigne pas du monde mais voit le monde dans la lumière de Dieu, c’est-à-dire « transfigure » toute créature dans la rencontre de manière à ce que tout soit en Lui.

La Transfiguration est ainsi la fête de la Vérité de l’humain, de sa grandeur dans sa misère, de son irrévocable vocation à la vie parfaite dans la gloire de Dieu.

Texte de Caterina Foppa Pedretti
Photographies de Giovanni Zennaro