Célébration de la Passion du Seigneur au Saint-Sépulcre - 2007 | Custodia Terrae Sanctae

Célébration de la Passion du Seigneur au Saint-Sépulcre - 2007

7 heures du matin. Les portes du Saint-Sépulcre sont closes. Elles le sont depuis la veille au soir. Sur la place, des barrières métalliques canalisent la foule qui se presse déjà. Elles préservent le passage pour la procession des franciscains qui arrivent du patriarcat où ils sont allés chercher Mgr Kamal Bathish qui va présider l’Office de la Passion du Seigneur.

Combien sont-ils à attendre sur la place ? En ces jours saints ils veulent tous vénérer le lieu de la Passion. Tous ne savent pas qu’une fois ouvertes, les portes ne le resteront que 15 minutes avant de se fermer de nouveau pendant deux heures. Le jour n’est pas à la visite mais à la prière.

Quand les battants de la porte s’ouvrent, une multitude compacte se presse. On ne marche plus, on est porté par la pression. La police israélienne, les religieux franciscains, les dragomans, les kawas, tous essaient de tempérer une foule que sa ferveur égare et rend dangereuse.

Tandis que les franciscains se dirigent vers leur sacristie pour se préparer dans le silence et former la procession, les fidèles qui ont pu entrer ont, aussitôt franchis le seuil de la basilique, tourné à droite c’est là, en hauteur que se trouve l’autel du Calvaire. Les deux escaliers d’accès sont gardés par des colosses dont la carrure et l’autorité suffisent à peine à retenir la foule. Les fidèles ne monteront qu’une fois les religieux en place pour la célébration de la Passion.

Soudain le silence se fait. On entend les coups de bâtons des kawas résonner dans la basilique comme sonne le glas. Les franciscains en tête, la procession monte, grave et silencieuse au Calvaire. Mgr Bathish porte la relique de la sainte Croix. Les religieux installés debout en rangs serrés, quelques fidèles, les plus proches des entrées, ceux qui n’ont pas renoncé sont autorisés à monter. Deux cents personnes peut-être qui vont occuper chaque centimètre carré de l’espace libre. Pas un mot, plus un bruit et un peu plus de sérénité. Des larmes, des sourires étonnés. Certains visages irradient leur joie contenue, d’autres expriment encore la stupéfaction d’avoir dû en passer par là afin de venir prier. D’autres, et c’est triste, marquent encore la rudesse dont ils ont fait preuve pour monter n’hésitant pas à jouer sévèrement des coudes …

L’office peut commencer. Le récit de la Passion par les frères franciscains est entrecoupé de chants, animés par le chœur de la Custodie de Terre Sainte. Une Passion dont les derniers instants au lieu même où le Christ les a vécus résonnent d’une gravité singulière. Sur les voutes du coté latin, en mosaïques on lit ces mots du prophète Isaïe : « C’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé (…) C’est à cause de nos fautes qu’il a été transpercé. » Qui sommes-nous vraiment au pied de la Croix, disciple ou bourreau ?

Après la liturgie de la Parole, c’est la grande prière universelle du Vendredi saint. Puis l’Adoration de la Sainte Croix. Dans la liturgie, cette exaltation de la Croix, est toujours impressionnante. Mais ici, au Calvaire, elle se fait avec une relique de la Sainte Croix. C’est bouleversant. Seuls les prêtres et les séminaristes pourront à ce moment l’adorer. Les fidèles le feront à la fin de la célébration, dans la chapelle des Apparitions.
La communion, elle, se fait à l’autel du Calvaire. Aussi compacte soit la foule, tout le monde arrive à se déplacer pour aller communier sans heurts, sans bruit.

Après la bénédiction, le cortège des prêtres et religieux descend dans une lente procession, Mgr Bathish porte la Sainte-Croix et passe devant le Tombeau vide pour se rendre à la chapelle des Apparitions… déjà les prémices de Pâques. O mort, où est ta victoire ?

MAB