Bethléem : Un Sauveur vient à notre secours | Custodia Terrae Sanctae

Bethléem : Un Sauveur vient à notre secours

Samedi 27 novembre, Bethléem, comme toutes les cités du monde, s’apprête à entrer dans le temps de l’Avent. Mais parce qu’elle est LA ville vers laquelle le monde entier tournera les yeux au jour de Noël, elle marque l’évènement par une entrée solennelle du Custode de Terre Sainte, frère Pierbattista Pizzaballa. Selon un programme d’autant plus établi qu’il s’assimile au Statu Quo, il doit arriver sur la place de la mangeoire à 11h30.

Il est 8 h30, et tout le monde se prépare déjà. Les Israéliens, qui vont devoir ouvrir devant le cortège de voitures arrivant de Jérusalem, l’antique route des Patriarches, vérifient le bon fonctionnement des trois lourdes portes d’acier qu’ils vont faire rouler pour l’occasion. Il y a 3 ou 4 ans, l’une d’entre elle s’était bloquée devant le Patriarche Sabbah pour son entrée du 24 décembre. On ne transigea pas et on attendit une bonne demi-heure qu’elle s’ouvrît.

De l’autre côté, la police palestinienne se met en place. A l’ombre et à cette heure il fait encore frais. Mais la journée va se dérouler sous un agréable mais désespérant soleil puisque le pays n’a toujours pas eu de pluie et que les températures persistent à avoisiner les 25 degrés.

Sur la place de la Mangeoire, un autre protocole se met en place, celui de l’ordre dans lequel les voitures de Beit Jala, Beit Sahour et Bethléem doivent se mettre pour sortir en cortège à la rencontre du Custode, de l’autre côté de la « barrière de sécurité », au monastère de Mar Elias qui marque l’entrée officielle dans leur agglomération. Les données politiques ont à ce point redistribué les cartes, qu’il faut les entrées solennelles du Custode et des Patriarches pour voir, quatre fois par an, ces voitures à plaque blanche et aux chiffres écrits en vert, passer devant la Tombe de Rachel et sortir de Cisjordanie, puis revenir en sens inverse. Au total, avec les voitures venues de Jérusalem, une centaine de véhicules traversent lentement la ville au pas des scouts qui paradent entre l’Action catholique et la place de la Municipalité. Frère Ibrahim Faltas, qui règle tous les détails des évènements touchant au Statu Quo de Bethléem, est satisfait car tout se déroule au mieux.

11h35, le curé de la paroisse, le franciscain Marwan Di’des, ouvre la porte de la voiture du Custode. Il l’accueille, lui présente les autorités civiles présentes et ensemble ils traversent la place de la Mangeoire pour entrer dans la basilique saluer le supérieur des Grecs orthodoxes et passant par le cloître de saint Jérôme, le Custode entre dans l’église Sainte-Catherine où l’accueille le nouveau gardien du couvent, le frère Stéphane Milovich.

Sussidio liturgico
Te Deum, office des vêpres, office des lectures sont les temps de prière qui auront rythmé la journée dans une église où ont été faits quelques aménagements à l’occasion de la sainte Catherine, fête patronale de la paroisse. Voici en effet que sainte Catherine et saint Antoine ont permuté leurs places. La statue de saint Antoine a rejoint le fond de l’église d’où il regarde vers le chœur et il a cédé son autel à sainte Catherine ou, devrait-on dire, il lui a rendu. En effet, le lieu où se célèbrent les messes paroissiales du matin, habituellement donc autel de saint Antoine, est à l’exact emplacement de la première chapelle dédiée à la patronne de la paroisse. C’était alors la seule église paroissiale. Elle remonterait au temps des croisades. Elle devint sacristie de l’église sainte Catherine actuelle construite dans les années 1880 et c’est à la faveur du nouvel agrandissement de l’an 2000 qu’elle fut intégrée à une nef latérale.
Quand les Frères franciscains quittent l’église, sous l’autel continue de briller la première bougie de l’Avent allumée par le Custode du feu qu’il a recueilli à l’autel de la crèche.

C’est devant cette bougie allumée que les paroissiens se sont rassemblés, dimanche 28 novembre, pour vivre durant la messe dominicale leur fête paroissiale. Le Custode est resté pour l’occasion et c’est lui qui préside la célébration priante et joyeuse.

En bon pédagogue -il est aussi directeur de l’école de Terre Sainte - le curé de la paroisse, frère Marwan, fit distribuer à toute l’assemblée au début de l’homélie une feuille avec 6 images, représentant 6 étapes de la vie et ce titre « Quand avons-nous le temps de penser au Seigneur ? Il expliqua chacune des images. Quand nous sommes enfants ? Non nous somme trop jeunes pour comprendre. Adolescents et jeunes ? Trop sûrs de nous pour avoir besoin d’un Sauveur. Jeune adulte ? Trop fatigué par le travail ? Dans la maturité ? Trop occupé par nos carrières ? Dans le cercueil ? Trop tard ! » Et il conclut, non seulement nous devons commencer dès le plus jeune âge à donner du temps au Seigneur mais pas seulement dans la prière mais aussi au cœur de nos activités quotidiennes.

La messe se termina par la bénédiction solennelle donnée par le Custode devant l’autel dressé en l’honneur de sainte Catherine et toute l’assemblée put ensuite saluer frère Pierbattista dans la salle paroissiale où il les encouragea à ne pas douter dans les difficultés de la venue prochaine et déjà accomplie du Sauveur. « Il est déjà au milieu de nous. »

Ces solennités terminées, les paroissiens ont rejoint les habitants de la ville qui se pressent sur le marché de Noël, place de la municipalité et c’est sous un soleil de plomb que des pères Noël chantent et dansent les airs de Noël du monde avec cette différence notoire qu’ils sont en arabe.

Quand le Custode en cortège repart, précédé de la police palestinienne, par le même chemin qu’il a emprunté la veille, la fête est terminée, reste à vivre intensément le temps de l’Avent tout juste inauguré.

MAB