La Solennité du Baptême du Seigneur, célébrée le dimanche 7 janvier sur les rives du Jourdain, a marqué la fin des festivités de Noël.
Après les célébrations de l'Epiphanie à Bethléem, la communauté franciscaine s'est rassemblée, avec d'autres religieux et quelques groupes paroissiaux, près du site connu sous le nom arabe de "Qasr al-Yahud", ou "Château des Juifs", probablement en souvenir de la traversée du fleuve par les Israélites lorsqu’ils atteignirent la Terre Promise (Js 3,14-17). C'est ici, sur la rive ouest du Jourdain, que Jésus s'est immergé dans les eaux pour recevoir le baptême des mains de Jean le Baptiste, avant de subir l'épreuve de la tentation et de commencer sa mission de prédication du royaume de Dieu.
Le Custode de Terre Sainte, le Frère Francesco Patton, accompagné du Vicaire, le Frère Ibrahim Faltas, et du curé de la communauté de Jéricho, le Frère Mario Maria Hadchiti, s'est d'abord rendu en procession avec les frères au sanctuaire franciscain du Baptême de Jésus, où se trouve une église dédiée à saint Jean Baptiste, pour la célébration de la sainte messe.
Etaient également présents à la célébration eucharistique, solennellement présidée par le Custode de Terre Sainte, le Consul italien Domenico Bellato, les Consuls généraux adjoints d'Espagne, Luis Pertusa, et de France, Quentin Lopinôt, le Chef de la section politique du Consulat de Belgique, Ingmar Samyn, ainsi que d'autres représentants civils et militaires.
Dans son homélie, le Custode de Terre Sainte a invité les fidèles à découvrir le parallélisme entre le baptême et la mort de Jésus : "Avec son baptême, les cieux se déchirent et l'espace divin s'ouvre ; à sa mort, le voile du temple se déchire (Mc 15, 38) et une nouvelle possibilité de rencontrer Dieu s'ouvre en Jésus crucifié", - a dit le Custode-. Lors du baptême, ici dans le Jourdain, c'est Dieu lui-même qui témoigne : «Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie » (Mc 1,11) ; sous la croix, sur le Golgotha, à Jérusalem, ce sera un centurion païen qui reconnaîtra : « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu » (Mc 15,38) ".
Les paroles du Frère Patton ont également résonné comme une invitation à réfléchir, grâce au don de l'Esprit, sur la vocation chrétienne, "qui consiste à être devenu enfant de Dieu par la foi et à accepter le commandement de l'amour : "Celui qui aime qui a engendré aime aussi celui qui est né de lui". Voici comment nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu: lorsque nous aimons Dieu et que nous accomplissons ses commandements".
Une prière et une invocation pour la paix en Terre Sainte ont conclu l'homélie du Custode : "Ici, au bord du Jourdain, où le Fils de Dieu nous a révélé que nous sommes tous enfants du même Père, que la force de l'Esprit puisse se manifester à nouveau et transformer les peuples différents et hostiles les uns aux autres en peuples fraternels qui appartiennent à la même famille des enfants de Dieu, à la même fraternité humaine".
Au cours de la célébration, l'émotion était tangible, notamment au moment où le petit Nicolas Giovanni, de la paroisse de Jérusalem, a été baptisé par le Custode de Terre Sainte avec de l'eau du Jourdain, dont toute l'assemblée a ensuite été aspergée.
A la fin de la messe, après 57 ans, la porte donnant directement accès au Jourdain, à travers un champ qui n'a été déminé que récemment, a été bénite et ouverte: "Nous vivons aujourd'hui un moment très important, car rappelez-vous, il y a quelques années, ce champ était miné", a souligné le Frère Patton.
En 1967, la guerre entre Israël et la Jordanie a touché la région de si près que celle-ci s'est transformée en champ de mines, et que les Franciscains ont été contraints de fuir précipitamment.
"Le site, a poursuivi le Custode, n'a été rouvert pour les célébrations qu'en janvier 2021, mais il restait encore cette partie minée qui nous empêchait de marcher directement du sanctuaire au fleuve : maintenant que la dernière partie a été déminée, nous pouvons dire que toute cette zone a cessé d’être un champ de bataille et est devenue un champ de paix. Cela signifie qu'il est également possible de dépasser le langage de la guerre et le langage des armes et de transformer les champs de bataille en champs de coexistence fraternelle".
Par cette porte enfin ouverte, tous les frères se sont rendus en procession sur les rives du fleuve, avant de retourner à Jérusalem.
Silvia Giuliano