Au cours des siècles, les Papes ont renouvelé la confiance qu’ils accordent aux Franciscains, confirmant leur rôle de gardiens légitimes des Saints Lieux, qui leur a été accordé par le Saint Siège en 1342. Ils les ont également soutenus dans tous les aspects de leur vie, tant au plan religieux qu’au plan économique, social et politique.
Il suffit de rappeler l’autorisation de pratiquer la médecine à l’Hôpital du Mont Sion, en faveur des pauvres et des nécessiteux [1], et au cours des siècles suivants [2], les privilèges, les indulgences [3], la défense de leurs droits, etc. Il existe plus d’une centaine de Bulles Papales se référant à la Terre Sainte, et autant de décrets et de lettres de la Congrégation pour la Propagation de la Foi en faveur des fils de Saint François pour soutenir leur mission en Terre Sainte [4].
Un aspect fondamental de ce soutien constant a été, et demeure: «la Collecte pour la Terre Sainte», que l’on connaît également sous le nom de «Collecte pour les Locis Sanctis.» Il serait trop long de passer en revue toutes les interventions du Souverain Pontife en faveur des Lieux Saints et les besoins des chrétiens qui vivent dans le Pays de Jésus. [5] Nous nous limiterons à celles de Paul VI, qui dans son Exhortation Apostolique Nobis in animo (les besoins de l’Église en Terre Sainte) [6], en date du 25 mars 1974, a donné une impulsion définitive en faveur de la Terre Sainte. Le Pape, en continuité avec ses prédécesseurs, a mis en valeur le travail des Franciscains en insistant sur le besoin de coopération avec le monde chrétien, dans la mesure où, en particulier au commencement du dix-neuvième siècle, ils ont développé leurs "activités sociales, charitables, culturelles et bénévoles" en Terre Sainte, et que les chrétiens sur place ne disposent pas des moyens nécessaires pour ce faire.
Le Pape Paul VI, après avoir souligné que dans le passé, les “frères mineurs allaient à la rencontre des grands et des pauvres de ce monde pour recueillir des aumônes, et les religieux se destinant à cette œuvre recevaient le titre officiel de Procureurs ou Commissaires de Terre Sainte,» rappelle que récemment, les besoins se sont accrus et que pour cette raison, les Papes gardent à cœur la Collecte « pro Terra Sancta».
Dans ce contexte, le Pape a renouvelé les directives données par ses prédécesseurs, en précisant les conditions suivantes:
- que dans toutes les églises, une collecte aura lieu le Vendredi saint, ou un autre jour, dans le but de « préserver non seulement les Saints Lieux, mais également d’assurer les besoins pastoraux, sanitaires, éducatifs et sociaux de l’Église en Terre Sainte, au bénéfice des frères chrétiens et des populations locales; »
- « le fruit de la collecte sera donné à un Commissaire de Terre Sainte, dont les activités, si bénéfiques par le passé, nous le croyons (dit le Pape), sont toujours pertinentes et utiles, ou au profit de toute autre œuvre appropriée; »
- la Congrégation pour les Églises Orientales stipule que la « Custodie de Terre Sainte, et la hiérarchie locale, dans le respect de ses compétences, peut poursuivre son œuvre, la consolider et la développer. »
Au cours des dernières décennies, la Congrégation pour les Églises Orientales s’est particulièrement employée, à l’instigation du Saint Siège, à mettre en évidence les besoins propres à la Terre Sainte, et les directives émises par Paul VI, y compris celles se référant aux Commissaires [7]. Ces dernières années, 80% des collectes reçues par les Franciscains ont été destinées aux œuvres pastorales et sociales, et uniquement 20% aux Sanctuaires.
Il est important de rappeler que la Custodie reçoit uniquement 65% de la Collecte, les 35% restant sont destinés aux autres institutions qui travaillent en Terre Sainte. Les activités du Patriarcat Latin, par mandat du Saint Siège, sont soutenues par les Chevaliers du Saint Sépulcre ainsi que par d’autres institutions.
[1] Cf. Urbain VI, Ad ea quae piorum (11 Juin 1384).
[2] Cf. Clement X, Cum sicut (7 juillet 1670).
[3] Cf. Calixte III, Et si ex debito (January 10, 1455).
[4] Cf. P. Verniero, Chroniques. Supplément, Livre IV, Chapitres 52-53, in G. Golubovich, Bibliothèque… IX, 148-160, en mentionne certains.
[5] Cf. entre autres, Martín V, Bula His quae pro ecclesiasticarum ( 14 février 1421), in Bullarium Franciscanum, t.VII, Rome 1904, n.1471, qui accorde “la possibilité aux Cutos et aux frères du Mont Sion d’instituer des procurateurs et des commissaires en Terre Sainte, en charge de la collecte auprès des fidèles des bien nécessaires ”; Calixte III, Et si ex debito (10 janvier 1455):Le Pape accorde l’autorité au “Custos du Mont Sion et aux frères de Terre Sainte… d’envoyer des frères dans toutes les parties du monde pour collecter des aumônes pour la préservation des Saints Lieux », Sixte V Nostri Officii (1589) : Établit qu’au cours de trois dimanches ou féries, l’Ordinaire du lieu invite à la collecte d’offrandes pour la Terre Sainte; Urbain VIII, Alias felices recordationes (1642), in Bullarium diplomaticum et privilegiorum…, Augusta Taurinorum 1868, t. XV, pp. 320-234, demande qu’une collecte soir organisée au moins deux fois par an ; Innocent X, Salvatoris et Domini Nostri (1645), in Ibid. 403-404; Píe VI, Inter cetera (31 juillet 1778), qui rappelle les services de tout ordre que les Franciscains accomplissent en faveur des nécessiteux ; Leon XIII, Salvatoris ac Domini nostri Jesu Christi (26 décembre 1887), in AOFM VII (1988) 17-18, qui réduit à une seule journée la collecte qui est organisée le Vendredi Saint ou tout autre jour de l’année, à la discrétion de l’Ordinaire ; Píe X, Ad sublevandas Terrae Sanctae necessitates (23 octobre 1913); Benoit XV, Inclytum Fratrum Minorum conditorem (4 octobre 1918), in AAS X (1918) 437-439, indique que les aumônes collectées doivent être transmises à un Commissaire de Terre Sainte qui aura la responsabilité de les envoyer dès que possible au Custos; Jean XXIII, Sacra Palestinae Loca (17 avril 1960) , in AAS LII (1960) 388-390.
[6] Paul VI, Nobis in animo ( EV 5, 153-187; en particulier les numéros 171-187).
[7] Cf. S. Congrégation pour les Églises Orientales, selon sa dénomination (Collecte pour la Terre Sainte) (31 janvier 1979) (EV S1, 692-695); l’année consacrée à Marie (Collecte pour la Terre Sainte) (9 décembre 1987) (EV 10,2400-2403). Chaque année, la Congrégation rédige une lettre, adressée à tout l’Épiscopat, pour rappeler à ses membres le devoir de collecte “pro Terra Sancta” ainsi que ses objectifs spécifiques.