Liban : des signes d’espérance pour un pays en souffrance

Libano: segni di speranza per un Paese in sofferenza

C'est le 4 août 2020 que l'explosion catastrophique dans le port de Beyrouth attira les regards du monde entier sur le Liban. Un an après, fr. Firas Lutfi, gardien du couvent franciscain de Beyrouth et Ministre de la Région Saint-Paul, nous partage les difficultés à vivre dans un pays qui souffre. « Après l'explosion de l'année dernière, le Liban a plongé dans un abîme de problèmes - explique-t-il -. Mais avant cela, il y avait déjà eu deux autres "explosions" : la crise économique, commencée le 17 octobre 2019, et la pandémie de coronavirus, depuis en mars 2020. Après l'explosion, Beyrouth est restée défigurée et détruite de tous côtés : maisons, écoles, hôpitaux, couvents. La situation a été aggravée par l'absence d'un gouvernement capable de gérer ces trois crises. Sans une direction politique claire, le pays sombre dans le chaos ».

Aux luttes quotidiennes pour les produits de première nécessité dans un pays où les rayons des supermarchés sont désormais vides, s'ajoute une autre tragédie : le 14 août, un camion chargé de carburant a explosé, faisant une trentaine de morts.

« Les gens sont désespérés, beaucoup ont perdu leur emploi et en deux ans, plus de 70% de la population libanaise vit en dessous du seuil de pauvreté - poursuit fr. Firas -. Plus les jours passent, plus la situation semble désespérée. D'un point de vue spirituel, je demeure ouvert à l'espérance, car je sais que Dieu n'abandonne jamais son peuple. Je sais aussi que Dieu utilise les êtres humains et leur bonne volonté, mais lorsque celle-ci fait défaut, la situation se détériore. Pourtant, nous avons été témoins de deux importants signes d'espérance qui nous ont apporté une certaine consolation : la réunion de juillet pour le Liban voulue par le pape François, et la visite en août du Custode de Terre Sainte au Liban ».

Le 1er juillet, en effet, le Pape a convoqué tous les chefs spirituels chrétiens au Vatican pour une journée de prière et de réflexion pour le Liban. « Cela signifie que le Pape a à cœur la souffrance du peuple libanais », déclare fr. Firas. 

La visite de fr. Francesco Patton, Custode de Terre Sainte, a également donné de l'espoir à la communauté franciscaine. « L'année dernière déjà, dans les premiers jours qui ont suivi l'explosion, le Custode nous avait exhortés, nous les frères du Liban, à penser avant tout aux pauvres et aux personnes en souffrance - explique le franciscain -. Cette année, au plus fort de la crise, le Custode est venu exprimer sa proximité et sa solidarité avec les frères et le peuple libanais ».

Dans le couvent de Gemmayzeh à Beyrouth, touché par les explosions, les franciscains ont voulu - à l'occasion de l'anniversaire de la tragédie - organiser un temps d'action de grâce au Seigneur, pour avoir déjà réussi à réaliser 80% des travaux de réparation des parties endommagées, et avec le soutien de nombreux bienfaiteurs. Le Custode de Terre Sainte était également présent et, les jours suivants, il a pu visiter le Liban dans toutes ses réalités et rencontrer les frères qui y travaillent. Dans la paroisse de Tyr, fr. Patton a inauguré une statue de saint Paul, en souvenir du passage du Saint dans cette terre. Il a également visité le couvent franciscain de Tripoli, où se déroule le camp d'été des enfants, ainsi que la nouvelle paroisse d’Harissa, de rite latin.

Depuis le début de la crise, les franciscains sont restés aux côtés du peuple libanais, en essayant d’aider les familles les plus nécessiteuses, également grâce au soutien de l'Association Pro Terra Sancta. « Dans les cinq couvents présents dans le pays, nous avons ouvert un centre d'urgence pour distribuer chaque mois environ 2 000 colis alimentaires et du matériel d'hygiène - partage fr. Firas -. Nous prévoyons de lancer un projet d'assistance psychologique pour les enfants et les familles qui ont subi un traumatisme ; environ 200 personnes sont déjà inscrites. Nous voulons également ouvrir un projet de microcrédit, destiné avant tout aux jeunes, qui sont très découragés. Mais nous ne pouvons pas oublier que « l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». C'est pourquoi nous poursuivons également notre service pastoral, car nous voulons que les gens se sentent consolés. Nous sommes convaincus que tous les problèmes et la corruption ont pour origine une mauvaise relation avec le Seigneur, qui sert au contraire à donner un sens toujours plus fort à l'existence. Le service pastoral en est un élément essentiel ».

Fr. Firas Lutfi, qui réside à Beyrouth depuis trois ans après son service à Alep en Syrie, explique ce que signifie vivre sa mission en ce moment : « En tant que gardien du couvent de Gemmayzeh à Beyrouth, je vois la souffrance des gens tous les jours et je la porte dans ma prière quotidienne, pour que ce calice amer passe, pour que la résurrection vienne à tous les niveaux : spirituel, social, etc. D'autre part, je suis Ministre de la Région Saint-Paul et je fais donc tout pour subvenir aux besoins matériels et spirituels des frères au Liban, en Syrie et en Jordanie. J'ai des contacts avec de nombreux bienfaiteurs et amis qui nous permettent de ne manquer de rien. J'essaie donc d'être une voix pour les gens que je sers. Pourtant, chaque jour, il y a de nouvelles blessures et de nouveaux défis : aujourd'hui au Liban, il n'y a ni médicaments, ni essence, ni carburant, donc nous avons toujours besoin d’aide . Malgré toutes les difficultés, nous mettons toute notre bonne volonté à offrir ce dont nous disposons au service des personnes les plus pauvres ».

 

Beatrice Guarrera 

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