Le Mont Nébo | Custodia Terrae Sanctae

Le Mont Nébo

Le mont Nébo est le lieu d’où Moïse contempla la Terre Promise, sans pouvoir y entrer. Le Nébo surgit à 8 km au nord-ouest de Madaba, dans le prolongement occidental d’une arrête rocheuse de plusieurs cimes, délimité au nord par le Wadi Uyun Musa, « vallée des sources de Moïse », et au sud par le Wadi Afrit. Le point culminant à gauche de la route – où s’élèvent des dolmens – est le véritable Nébo, en arabe Jebel an-Neba (802 mètres d’altitude). Le mont Pisga dont parle la Bible (Ras Siyagha) est au contraire plus étendu vers l’ouest, mais il est moins élevé (710 mètres). Un versant plus au sud, le Khirbat al-Mukhayyat (790 mètres), abritait la ville de Nébo.

Dans la Bible, le mont Pisga est cité dans deux contextes différents. Dans le premier, le roi moabite Balaq essaie par trois fois de convaincre le voyant Balaam de maudire les Israélites, mais il obtient à chaque fois le résultat inverse. La deuxième tentative a justement le Pisga comme décor :

Balaq dit à Balaam « Que m’as-tu fait là ? C’est pour maudire mes ennemis que je t’ai choisi, or voici que tu les couvres de bénédictions ! » Balaam répondit : « Ce que le Seigneur met dans ma bouche, c’est cela que je dois veiller à dire. » Alors Balaq reprit : « Viens donc avec moi en un autre lieu d’où tu verras le peuple, mais tu n’en verras qu’une partie, tu ne le verras pas tout entier. De là-bas, maudis-le pour moi ! » Il l’emmena vers le Champ des Guetteurs, au sommet du Pisga, et construisit sept autels. Il offrit un taureau et un bélier sur chacun d’eux. Balaam dit à Balaq : « Tiens-toi debout ici près de ton holocauste ; quant à moi, Dieu viendra à ma rencontre. » Alors le Seigneur vint à la rencontre de Balaam, il mit une parole dans sa bouche, puis il dit : « Retourne vers Balaq. C’est ainsi que tu lui parleras. » Il revint auprès de Balaq qui se tenait debout près de son holocauste avec les princes de Moab. Balaq lui demanda : « Qu’a dit le Seigneur ? » Et Balaam prononça ces paroles énigmatiques : « Lève-toi, Balaq, écoute ! Prête-moi l’oreille, fils de Cippor ! Dieu n’est pas homme pour mentir, un fils d’Adam pour se rétracter. Va-t-il dire et ne pas agir, prononcer une parole et ne pas l’exécuter ? Voici que je prends le parti de bénir ; il a béni et je n’y reviendrai pas ! Il n’a pas aperçu d’action mauvaise en Jacob, il n’a pas vu d’oppression en Israël. Le Seigneur son Dieu est avec lui, chez lui retentit l’ovation royale. Dieu l’a fait sortir d’Égypte : sa vigueur fut pour lui comme celle du buffle ! Pas de présage en Jacob, pas de divination en Israël : aussi, au temps voulu, sera dit à Jacob – à Israël – ce que Dieu accomplit.
(Nb 23,11-23).

Mais, les deux autres lieux, d’où Balaq tenta de forcer Balaam à maudire Israël, n’ont pas été identifiés : « Kiriat-Cusot » (Nb 22, 29) et la « cime du Péor » (Nb 23, 28). Cependant, il est intéressant que le Pisga soit défini comme « poste d’observation » (la version de la CEI ne traduit pas le terme mais écrit « champ de Sofim »), qui correspond à sa forme naturelle surplombant tel un balcon. Mais le Pisga assume un rôle beaucoup plus important dans le deuxième passage dans lequel la Bible le mentionne. Moïse, en effet, ne pourra pas mettre le pied en Terre Promise, il pourra seulement la contempler depuis ce lieu.

En ce jour même, le Seigneur parla à Moïse. Il dit : « Monte sur cette montagne de la chaîne des Abarim, sur le mont Nébo, au pays de Moab en face de Jéricho, et regarde le pays de Canaan que je donne en propriété aux fils d’Israël. Puis, tu mourras sur la montagne où tu seras monté, et tu seras réuni aux tiens, comme ton frère Aaron est mort sur la montagne de Hor et a été réuni aux siens. Puisque vous m’avez été infidèles parmi les fils d’Israël, aux eaux de Mériba de Cadès dans le désert de Cine, puisque vous avez méconnu ma sainteté au milieu des fils d’Israël, c’est donc de la montagne d’en face que tu verras le pays, mais tu n’y entreras pas, dans ce pays que je donne aux fils d’Israël. »
(Dt 32,48-52).

Au moment de l’exécution de l’ordre divin, c’est le texte même qui fournit une précision concernant le mont Pisga : 
Moïse monta des steppes de Moab au mont Nébo, au sommet du Pisga, qui est en face de Jéricho. Le Seigneur lui fit voir tout le pays : Galaad jusqu’à Dane, tout Nephtali, le pays d’Éphraïm et de Manassé, tout le pays de Juda jusqu’à la Méditerranée, le Néguev, la région du Jourdain, la vallée de Jéricho ville des Palmiers, jusqu’à Soar. Le Seigneur lui dit : « Ce pays que tu vois, j’ai juré à Abraham, à Isaac et à Jacob de le donner à leur descendance. Je te le fais voir, mais tu n’y entreras pas. » Moïse, le serviteur du Seigneur, mourut là, au pays de Moab, selon la parole du Seigneur. On l’enterra dans la vallée qui est en face de Beth-Péor, au pays de Moab. Mais aujourd’hui encore, personne ne sait où se trouve son tombeau. »
(Dt 34, 1-6).

Le Nébo/Pisga, même s’il n’est pas expressément nommé, revient en scène dans le Deuxième livre des Maccabbées. Dans une lettre envoyée aux juifs vivant en Égypte, les habitants de Jérusalem mentionnent un texte perdu où il était écrit que le prophète Jérémie, avant la destruction du Temple de Salomon par les babyloniens, avait caché sur le Mont Nébo la tente sacrée, l’Arche de l’Alliance et l’autel des encens :

Ce document racontait aussi comment le prophète, averti par un oracle, avait ordonné que la Tente et l’Arche l’accompagnent, lorsqu’il se rendit à la montagne que Moïse avait gravie pour contempler l’héritage promis par Dieu. Arrivé là, Jérémie trouva un site caverneux. Il y introduisit la Tente, l’Arche et l’autel de l’encens, puis il en obstrua l’accès. Quelques-uns de ceux qui l’avaient accompagné revinrent pour marquer de signes le chemin, mais ils ne purent le retrouver. Quand Jérémie l’apprit, il leur fit des reproches et leur dit : “Ce lieu restera inconnu, jusqu’à ce que Dieu ait accompli le rassemblement de son peuple et lui ait montré sa miséricorde. Alors, le Seigneur fera voir de nouveau ces objets ; alors, la gloire du Seigneur se manifestera, ainsi que la nuée, comme elle se montrait au temps de Moïse et lorsque Salomon adressa une supplication pour que le Lieu saint soit magnifiquement consacré.”
(2M 2,4-8).

Outre six tombes, les fouilles à Ras Siyagha ont mis à jour un petit édifice en forme de croix probablement d’origine pré-chrétienne : une sorte de chapelle funéraire qui présente à l’intérieur, trois cotés arrondis et un beau pavement de mosaïque. Dans l’abside centrale, au IVème siècle après Jésus-Christ, fut inséré un synthronon (banc réservé au clergé) et l’on y ajouta un vestibule. Dans ce dernier se trouvait une croix entrelacée de mosaïque. Sur la base d’une inscription, il s’agit d’une « fondation impériale, au temps des presbytres Alexis et Théophile ». Une autre inscription parle d’une restauration réalisée « à l’époque du très honorable et dévot presbytre et abbé Alexis ».

Dans une chapelle adjacente à gauche, fut par la suite déposé à un mètre de profondeur, un baptistère byzantin. Une très belle mosaïque de scènes pastorales et de chasse remontant à l’an 531, comme l’indique la longue inscription au-dessus et en dessous. Dans le texte on confie au Seigneur non seulement les autorités comme « l’évêque Elia », mais aussi les mosaïstes « Soelos [= Saul] et Kaiomos et Elia et leurs familles ».

Au VIème siècle, la chapelle originaire fut transformée en presbytère d’une basilique, dont les mosaïques simples des nefs latérales se sont bien conservées, alors qu’il reste peu de choses de la décoration de mosaïque de la nef centrale. Les chapiteaux aux quatre coins qui développent des formes rappelant des rameaux de mimosa, sont originaux. Les vieux fonts baptismaux qui existaient sur le côté gauche furent éliminés, mettant ainsi le pavement au niveau de la basilique en l’embellissant par des figures géométriques de mosaïque.

En 597, fut réalisé un nouveau baptistère au sud (droite) de la basilique, c’est-à-dire sur l’ancienne chapelle funéraire. Au début du VIIème siècle, fut ajouté à l’ouest la chapelle de la Theotokos, la Mère de Dieu. L’église en prenant aussi en compte les ajouts des côtés, mesurait donc 30x37 mètres. Dans la chapelle mariale, se trouve une mosaïque très insolite (abimée par les iconoclastes) en face de l’abside, voulue par l’évêque Léonce (603-608 ) : elle rappelle évidemment le passage du deuxième livre des Maccabées mentionné supra, en montrant – entre deux gazelles, deux bouquets de fleurs et deux taureaux – une image stylisée du temple de Jérusalem, ou peut-être la « grotte semblable à une maison » (« l’habitat en forme de caverne » dans le texte CEI) trouvée par Jérémie sur le Nébo. On reconnaît le feu qui monte de l’autel des sacrifices et la table pour l’offrande des pains à l’intérieur d’un tabernacle. L’inscription grecque mentionne le psaume 50, 21 : « alors on offrira des taureaux (‘‘victime’’ dans le texte CEI) sur ton autel ». La citation de ce verset n’a de sens que si l’on rappelle que sur l’autel de la chapelle était célébré le sacrifice de la Nouvelle Alliance, dans lequel les anciens sacrifices trouvaient leur accomplissement. Sur trois cotés – excepté le front est de la chapelle originaire – l’église était entourée de bâtiments d’un monastère aux proportions remarquables (78x82 mètres).

L’église serait identifiée à ce « mémorial de Moïse » qu’Égérie voulut visiter sur le Nébo après une déviation épuisante de Jérusalem. La pèlerine rapporte l’existence d’une « église pas trop grande au sommet du mont Nabau » érigée en l’honneur du tombeau de Moïse. Même si l’on s’évertue à expliquer l’origine de l’édifice, il reste que selon la Bible, « aujourd’hui encore, personne ne sait où se trouve » le tombeau de Moïse (Dt 34, 6).  

Mais il est compréhensible que cet élément de dissuasion ne suffise pas. Un texte apocryphe du judaïsme, l’ascension de Moïse, s’efforce de combler cette lacune. Le thème reviendra dans le Nouveau Testament dans l’épître de Jude (pas Juda l’Iscariote), qui décrit même la bataille soutenue par l’archange Michel pour obtenir les dépouilles des grands chefs des Israélites : Or l’archange Michel, discutant avec le démon dans la querelle au sujet du corps de Moïse, n’osa pas porter contre lui un jugement qui l’outrage ; il lui dit seulement : Que le Seigneur te blâme ! (Jd 9)

Selon le biographe de Pierre Ibérique, qui vint ici vers l’an 430, le lieu du tombeau sur le mont Nébo fut trouvé grâce à un berger qui, suite à une vision, était arrivé dans une grotte parfumée et resplendissante : Moïse y était allongé comme un vieillard respectable, le visage lumineux, sur un lit qui scintillait de grâce et de gloire.
Lorsque par la suite les locaux construisirent l’église, le prophète qui avait donné la Loi avait démontré toute « sa bonté et sa puissance à travers des signes, des miracles et des guérisons qui depuis lors arrivent sans interruption ». Ainsi, à l’époque chrétienne, le lieu devint une destination privilégiée pour les pèlerinages. En 1217, le pèlerin allemand Thietmar serait à nouveau monté jusque là.

En 1932, les franciscains réussirent à acheter la propriété du sommet du Ras Siyagha, et le Khirbat al-Mukhayyat également en 1935. N’ayant pas de renseignements précis pour savoir lequel des deux monts était le Nébo ou le Pisga, la Custodie de Terre Sainte décida d’acheter les deux. Cet incroyable passage de terres bédouines dans les mains d’étrangers fut possible seulement grâce au frère Gerolamo Mihaic, un franciscain croate qui se trouvait à Jéricho et qui avait gagné la sympathie de l’émir de l’époque – puis roi – Abdallah I, grâce à sa joie contagieuse et aux produits de son jardin potager (on raconte qu’une fois on lui confia même la surveillance du harem !).
Ce furent les archéologues franciscains, Sylvester Saller et Bellarmino Bagatti, du Studium Biblicum Franciscanum, qui menèrent les premières fouilles à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Les recherches sur le Nébo furent ensuite poursuivies par le père Michele Piccirillo de 1978 à 2008, l’année de sa mort.

La vue panoramique du mont Pisga révèle la Terre Promise, comme au temps de Moïse : de la Mer Morte à l’Herodion, Bethléem et Jérusalem (distante de 46 km à vol d’oiseau) jusqu’au pic de l’Alexandreion et Jéricho. De nuit, on voit briller les lumières des villes.
Le site, avec la nouvelle basilique et les ruines du vaste monastère byzantin, est confié aux soins de la Custodie de Terre Sainte.

Après l’entrée du site, une pierre commémorative de six mètres de haut rappelle la visite de Jean-Paul II en Terre Sainte en 2000. Sur la face avant, on lit en latin : “un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous.” (Ep 4, 6). Sur le côté nord, à droite, figurent les prophètes de l’Ancien Testament, qui voyaient l’avenir mais encore d’une façon voilée (cf. 1P 1, 10-12).
Derrière, il est écrit en arabe : « Dieu est amour », ce qui est « l’invitation du Ciel et le message des prophètes ». Enfin sur le côté sud, on lit de nouveau (cette fois en grec) : « Dieu est amour » (1Jn 4, 8). Au-dessus, se trouve le blason de la Custodie de Terre Sainte.

Outre les modèles et tables d’illustration exposés dans le petit musée, on y trouve également quelques découvertes mineures – surtout des céramiques – et deux pierres miliaires de la route romaine qui allait de Hésebon à Livias (aujourd’hui Tell ar-Rame, près du lieu du Baptême au Jourdain), contournant le Nébo vers le nord.
La colonne centrale, parmi trois colonnes, est en fin marbre blanc et noir, provenant d’une cave impériale, probablement un don de l’empereur (Constantin ?) à la communauté chrétienne locale. Dans la basilique byzantine on a retrouvé des mosaïques en trois couches, parfois quatre, couvrant une superficie globale de 700 m². Elles ont été mises en sécurité et détachées ; désormais, presque toutes sont exposées dans la nouvelle basilique.

La nouvelle basilique 
À partir de 1963, la basilique a commencé à être restructurée, au début simplement pour couvrir les restes du mémorial dédié à Moïse, puis (en 2008) de façon à ce qu’elle puisse servir à la fois comme sanctuaire, musée et abri pour les antiquités.
Les travaux, complétés en 2016, avaient été ralentis par la disparition soudaine de l’archéologue et chef de chantier, Michele Piccirillo, puis par le développement de nouvelles techniques de conservation, ou mieux, par la découverte de l’ancienne technique de la mosaïque. En effet, on a démontré que les méthodes de fixation des tesselles avec du ciment, employées dans les années 1960 et 1970, nuisent dans le temps à l’œuvre, alors que la méthode au mortier de chaux est plus laborieuse en termes de temps, mais dure plus longtemps.  

La nouvelle église est plus large que l’église byzantine, puisqu’elle englobe aussi les pièces qui ont été ajoutées ainsi que les chapelles latérales. Le presbytère insolite à trois absides, en forme de trèfle, correspond cependant à l’orignal. Sur la couche de pierre inférieure (l’originale), on remarque que les éléments architectoniques avaient réutilisé du matériel d’un édifice précédent, comme par exemple une base de colonne qui est aujourd’hui à l’envers. Malheureusement, nous ne savons presque rien de cette structure originaire, d’autant plus que les restes de l’époque sont rarissimes. Il pourrait s’agir d’une construction païenne, tout autant que d’un mémorial juif ou samaritain en l’honneur de Moïse. On a en effet retrouvé les restes d’une inscription samaritaine, presque incompréhensible, conservés aujourd’hui au musée du Studium Biblicum Franciscanum à Jérusalem. 

Les vitraux de l’abside, qui remontent à la première version « de fortune » de l’église, montrent à gauche Moïse et Aaron avec l’eau jaillissant du rocher (Ex 17, 1-6) ; au centre, Moïse qui intercède pour le peuple, soutenu par Aaron et Hour (Ex 17, 8-13) ; à droite la mort de Moïse en ce lieu, sur le mont Nébo.
Pendant les travaux, une découverte importante a été effectuée par hasard dans la nef centrale : une tombe jamais utilisée, du fait qu’elle soit trop peu profonde et ne montre aucune trace d’inhumation. Pour cette tombe, c’est l’albâtre d’un monument plus ancien (hérodien ?) qui avait été utilisé. On est presque sûr d’avoir mis la main sur le « tombeau de Moïse » décrit par la pèlerine Égérie :
Dans cette église, là où se trouve l’ambon, j’ai remarqué une zone légèrement surélevée, aux dimensions plus ou moins celles d’une tombe. J’ai demandé aux saints hommes de quoi il s’agissait, et ils m’ont répondu : «Ici le saint Moïse fut déposé par les anges. Comme il est écrit [Dt 34,6], personne ne sait où se trouve son tombeau, alors ce sont certainement les anges».  

Pour ordonner les mosaïques le critère suivant a été observé : parmi les différentes couches de mosaïques, la partie la mieux conservée, ou la plus richement décorée, a été replacée à l’endroit originel. Les autres mosaïques ont été accrochées aux murs le plus près possible. Presque toutes les œuvres, appartenant aux différentes phases de l’histoire de l’édifice, ont ainsi trouvé une place dans la nouvelle basilique.

La sculpture moderne 

La sculpture moderne qu’on voit sur l’espace devant l’église a été réalisée en 1983-1984 par le florentin Gian Paolo Fantoni : le serpent d’airain élevé par Moïse au désert est enroulé à une canne en forme de croix. L’artiste relie l’histoire vétérotestamentaire à la christologie, comme le fit l’évangéliste Jean. En réalité, on ne sait pas où fut élevé le serpent d’airain durant l’Exode, la proximité du mont Hor n’aide même pas à résoudre l’énigme.

Ils quittèrent Hor-la-Montagne par la route de la mer des Roseaux en contournant le pays d’Édom. Mais en chemin, le peuple perdit courage. Il récrimina contre Dieu et contre Moïse : « Pourquoi nous avoir fait monter d’Égypte ? Était-ce pour nous faire mourir dans le désert, où il n’y a ni pain ni eau ? Nous sommes dégoûtés de cette nourriture misérable ! » Alors le Seigneur envoya contre le peuple des serpents à la morsure brûlante, et beaucoup en moururent dans le peuple d’Israël. Le peuple vint vers Moïse et dit : « Nous avons péché, en récriminant contre le Seigneur et contre toi. Intercède auprès du Seigneur pour qu’il éloigne de nous les serpents. » Moïse intercéda pour le peuple, et le Seigneur dit à Moïse : « Fais-toi un serpent brûlant, et dresse-le au sommet d’un mât : tous ceux qui auront été mordus, qu’ils le regardent, alors ils vivront ! » Moïse fit un serpent de bronze et le dressa au sommet du mât. Quand un homme était mordu par un serpent, et qu’il regardait vers le serpent de bronze, il restait en vie !
(Nb 21, 4-9).

De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle.
(Jn 3, 14-15).

La ville de Nébo s’identifie aujourd’hui au sommet du Khirbat al-Mukhayyat, en arabe « ruines du campement », à deux kilomètres de Ras Siyagha. Les tombeaux présents en marge de la colline remontent au deuxième millénaire avant le Christ. Dans la Bible, Nébo, habitée par les éleveurs de bétail (Nb 32, 1-4, 37-38) est mentionnée parmi les villes destinées à la tribu de Ruben. Des bâtiments d’époque hérodienne ont été identifiés. À l’époque de l’évêque Eusèbe (début du IVème siècle), Nébo était un village abandonné, qui aurait repris vie seulement au Vème siècle. Il semble même qu’au VIème siècle, il y faisait bon vivre.
Dans les années précédant la Seconde Guerre mondiale, quatre églises y furent retrouvées.

L’une d’entre elles est celle des Saint Lot et Procope ; un édifice en pierre couvrant les ruines a été construit pour la protéger. Du « lecteur » (professeur) Procope de Scythopolis (Bet Shean), nous savons - par Saint Eusèbe - qu’il fut décapité à Césarée en 303 : la première victime des persécutions de Dioclétien. La mosaïque de la petite église (16x8,5 mètres environ), l’une des plus brillantes et des mieux conservées de toute la Terre Sainte, avait déjà été retrouvée en 1913 durant les travaux de construction d’une maison. Vingt médaillons, entourés de pampres, racontent en détail la vie de la région : chasse, élevage, viticulture. La partie intérieure (à l’ouest) de la mosaïque montre au contraire des arbres fruitiers, des lièvres, des cerfs, mais aussi l’autel des holocaustes de Jérusalem avec deux taureaux et le verset du psaume 50, 21 : « Alors tu accepteras de justes sacrifices, oblations et holocaustes ; alors on offrira des taureaux sur ton autel. »
En 1935, au sommet de la colline, la petite église de Saint Georges, à trois nefs, fut découverte (12x12,5 mètres). Bâtie durant l’épiscopat d’Elia en 536, elle était insérée au sein d’un complexe monastique et avait une citerne située sous le presbytère. Le pavement de mosaïque est bien conservé.

À l’est, au pied du Wadi Afrit (à l’entrée du site archéologique, regarder en bas à gauche), la soi-disant « église de Amos et Kasiseos » a été mise au jour. On ne sait pas à qui elle était dédiée ; le nom est celui des fondateurs, indiqués sur les sièges qui avaient été réutilisés dans une maison privée arabe. C’est probablement l’église la plus ancienne de la région. Sur son côté nord, s’érigeait une dépendance avec deux pavements de mosaïque superposés. Les thèmes sont à nouveau la chasse, l’élevage et la vie rurale. Aujourd’hui, la figure féminine qui symbolisait la Terre n’est plus visible, mais on lit encore bien l’inscription sur le tympan, au milieu de paons, de coqs et de quatre colonnes massives : « Pour le salut et sur le don de tes serviteurs Serge, Etienne et Procope, Porphyrie, Rome et Marie, et le moine Julien ». La mosaïque est l’œuvre des mêmes artistes qui ont travaillé à l’église des Saints Lot et Procope. La mosaïque en dessous, découverte en 1985, appartenait à une chapelle plus petite, fondée presque un siècle auparavant (deuxième moitié du Vème siècle) par le « diacre Kaiumos », au temps de « l’évêque Fide ». Déjà cette mosaïque, l’une des plus anciennes, révèle le savoir-faire de ses exécutants.

Sur les pentes de la colline du côté opposé du Wadi Afrit, est sorti de terre un petit monastère composé d’une chapelle (9x12 mètres) et de trois salles attenantes. La population arabe locale avait déjà connaissance des restes par le passé, et qu’elle appelait simplement al-Kanisa, « l’église ». Du pavement de mosaïque de la chapelle, une seule partie, face à l’autel, a été sauvée : elle représente un vase duquel sort une vigne avec deux sarments de couleurs différentes.

Le monastère de la Mère de Dieu
Il faut distinguer ce monastère de celui dédié à la Mère de Dieu qui se dresse sur l’arête sud du mont Nébo, à l’est de la source appelée Ain al-Kanisa (« source de l’église ») par les bédouins. Cet autre site aussi avait été identifié par Saller et Bagatti à partir des années 1930, même si les fouilles n’ont été effectuées que dans les années 1990. La cour – qui couvrait une citerne – comme l’église, étaient embellies par des mosaïques : à côté de l’autel, des décorations en forme de coquilles ; dans la nef à nouveau des médaillons entourés de pampres, avec des fleurs, des fruits et des animaux, qui furent ensuite abimés par les iconoclastes. Mais la découverte la plus importante concerne les inscriptions en haut et en bas du tapis de mosaïque historié où l’on peut distinguer deux phases historiques.
Dans les premiers siècles du christianisme, y vécurent de nombreux moines revivant intérieurement le paradoxe de Moïse qui put voir la Terre Promise seulement de loin, sans y accéder. Cette présence chrétienne demeura significative aussi longtemps que la région resta sous la domination byzantine et jusqu’au moment où le siège politique du califat de Damas fut transféré à Bagdad.

Official website 
http://www.montenebo.org

Opening hours
Winter: 8 am / 4.30 pm

Summer: 8 am / 6 pm

Tickets
Non-residents: 3 JD | Residents: 0.5 JD
The ticket is intended as contribution to cover the expenses for employees, services and site maintenance.

Reservation time for Masses and Prayers
8:00 am – 15:30 pm – Tel: +962.5. 325.29.38

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