Ce sont principalement des femmes qui travaillent dans le monde entier pour que la Terre Sainte rejoigne les foyers les plus éloignés : il s’agit des “zélatrices”. « Ces femmes sont les bras opérationnels des Commissariats et des Commissaires de Terre Sainte, agissant comme un pont entre la Custodie et les communautés chrétiennes des différents diocèses du monde - explique fr. Marcelo Cichinelli, responsable des Commissariats de Terre Sainte -. Les “zélatrices” encouragent la connaissance de la Terre Sainte, par le moyen des revues et des médias de la Custodie, la collecte des offrandes et des intentions de prière dans les Sanctuaires de Terre Sainte pour les vivants et les morts. Les petites images de la Terre Sainte qu'elles distribuent sont également un signe de leur apostolat. Ces images arrivent dans les foyers de milliers de personnes, dont beaucoup n'ont jamais été sur la Terre du Seigneur Jésus. Le travail des “zélatrices”, infatigable et silencieux, est très important ».
Le nom qu'elles ont pris au fil des siècles vient du mot "zeladoras" ("collaboratrices" en espagnol), qui se distinguait des autres termes car les “zélatrices” étaient - et sont toujours - très répandues en Amérique latine.
Leur œuvre a commencé main dans la main avec celle des Commissaires de Terre Sainte, institués en 1421 par le pape Martin V. Le personnel laïc qui aidait les Commissaires de Terre Sainte était principalement composé de femmes qui avaient une forte dévotion pour la Terre Sainte, transmise au fil des siècles.
« Ce n’est pas la collecte d'argent qui nous intéresse, mais le lien spirituel et le bien qu'elles font aux gens, en leur apportant la dévotion de la Terre Sainte - poursuit fr. Cichinelli -. À nos yeux, leurs offrandes peuvent apparaître comme l’ « offrande de la veuve » de l'Évangile, mais leur œuvre est importante, surtout pour faire connaître la Terre Sainte. Elles sont comme des petites disciples de la Terre Sainte ».
Cette dévotion pour la Terre de Jésus est suscitée comme un "appel" de Dieu, les incitant à entreprendre une mission, transmise de génération en génération, de mère en fille.
« Lorsqu'en 2018, le Custode de Terre sainte, fr. Francesco Patton, a visité le Brésil et l'Argentine, de nombreuses “zélatrices” ont voyagé en bus pendant deux jours, uniquement pour voir le Custode et parler avec lui - affirme le responsable des Commissariats de Terre Sainte -. J'ai connu une femme qui effectuait ce service pour la Terre Sainte depuis 60 ans, et sa fille et même sa petite-fille avaient fait de même après elle. Nous parlons de personnes qui, dans la plupart des cas, ne se sont jamais rendues en Terre Sainte, mais qui ont un fort amour pour cette Terre, malgré le fait qu'il leur est très difficile d'envisager de voyager depuis l'Amérique latine, notamment à cause du coût du voyage. Le travail des “zélatrices” est merveilleux, car elles maintiennent la Terre Sainte spirituellement reliée au monde ».
De nombreuses “zélatrices” font aujourd'hui partie de l'ordre franciscain séculier et sont de toute façon liées à l'ordre franciscain par l'intermédiaire des Collecteurs, frères ou laïcs, qui vont chercher des offrandes à remettre aux Commissaires de Terre Sainte.
Aujourd'hui, les groupes de “zélatrices” sont sous la direction du Commissariat de Terre Sainte, elles se réunissent régulièrement, prient, se tiennent au courant de la situation de la Custodie et promeuvent la collecte du Vendredi Saint. Les “zélatrices” délivrent également des certificats de prière depuis laTerre Sainte pour les défunts. « Il s'agit d'une véritable prière, étant donné que dans les statuts de la Custodie, il est écrit que chaque frère de la Custodie doit dire quatre messes par mois pour les bienfaiteurs - explique fr. Cichinelli -. Les "zélatrices", par leur travail silencieux ont réussi par exemple à financer la construction de tout le Commissariat de Terre Sainte à Belo Horizonte au Brésil, brique par brique ».
Le nombre des “zélatrices” est élevé dans toute l'Amérique du Sud, atteignant des centaines dans chaque Commissariat au Brésil, en Argentine, au Mexique et en Colombie, où l'on a enregistré environ 10 000 demandes de messes par an pour les défunts, dont les offrandes ont été versées à la Terre Sainte. En Colombie, on compte également un grand nombre de monastères de clarisses franciscaines conceptionnistes qui promeuvent des messes pour la Terre Sainte.
Outre l'Amérique Latine, les "zélatrices" sont également répandues dans d'autres parties du monde, comme par exemple dans le sud de l'Italie, où plusieurs d’entre elles collaborent avec le Commissariat de Terre Sainte à Naples.
Dans le passé, les “zélatrices” et les communautés religieuses étaient également engagées dans la promotion de la vente d'objets religieux. Aujourd'hui, cependant, elles travaillent principalement en collectant des offrandes et en distribuant des images sacrées de la Terre Sainte. « Pour un chrétien qui vit au loin, peut-être à la campagne, avoir une photo du Saint-Sépulcre, de la Vierge de Nazareth, de l'Enfant Jésus de Bethléem, est un fait extraordinaire, comme cela a été le cas pour moi - révèle fr. Marcelo Cichinelli, d'origine argentine -. Dès mon enfance, j'ai toujours vu une image de l'Enfant Jésus de Bethléem accrochée dans l'armoire de ma grand-mère. De nombreuses années plus tard, j'ai compris qu'elle venait de la Terre Sainte, grâce aux frères Collecteurs et aux “zélatrices”’. La piété populaire maintient vivant ce lien spirituel avec la Terre Sainte, pour des personnes qui ne verront peut-être jamais la terre qui a donné naissance à Jésus ».
Beatrice Guarrera