Bénédiction de la nouvelle chapelle dédiée à la Mère de Dieu à Bethléem | Custodia Terrae Sanctae

Bénédiction de la nouvelle chapelle dédiée à la Mère de Dieu à Bethléem

31 décembre

Non loin de la Basilique et de la Grotte de la Nativité, sur le sommet de la colline, se trouve le sanctuaire rupestre de la Grotte du Lait, très vénéré par les Chrétiens de Bethléem.

Parmi les reliques rapportées en Europe au VIe siècle et par la suite, on trouve des fragments de roche pulvérisée et moulés. Les plus anciens sont conservés dans la cathédrale d’Oviedo en Espagne, les plus récents sont dans le musée du Studium Biblicum Franciscanum de Jérusalem. Ils ont la forme de petits carreaux avec, estampillé, le monogramme marial ou l’icône de la Mère de Dieu.

Ces reliques proviennent de cette grotte, vénérée aujourd’hui encore à Bethléem et desservie par les Pères Franciscains depuis le début du XIVe siècle. Selon la tradition, des gouttes de lait seraient tombées du sein de la Vierge Marie, alors qu’elle allaitait l’Enfant Jésus, ce qui aurait changé la couleur de la roche rose de Bethléem. La poussière de la roche diluée dans l’eau était bue par les mamans qui ne pouvaient allaiter et par les femmes demandant à la Vierge le don de la maternité.

Un petit couvent et une petite église furent construits sur la grotte en 1871. C’est en 1935 que des artisans de Bethléem en décorèrent la façade, travaillant la pierre comme ils le font de la nacre.
Aux alentours de la grotte, des restes de l’époque du Fer ont été identifiés ainsi que des tombes des époques byzantine et médiévale. C’est de cette dernière période que date la plaque de pierre décorée d’une grande épée et qui recouvrait une tombe creusée dans la roche. Quant à la chambre double divisée par des plaques de pierre pavées d’une mosaïque de cercles entremêlés et formant des volutes, décorés de formes géométriques, florales et de quelques animaux, parmi lesquels un renard, des paons et deux poissons, elle date de l’époque byzantine (VI- VII sec.).

Dans deux des cercles de la seconde chambre, un artisan a écrit en arabe la date d’une des tombes : « cette tombe fut exécutée le neuvième jour du mois d’octobre ».
L’idée d’une nouvelle chapelle est née de la nécessité de répondre au désir des nombreux groupes de pèlerins qui, durant le grand Jubilée de l’an 2000, visitèrent Bethléem. C’était aussi le désir du frère Lorenzo Bode, gardien du sanctuaire depuis des années, et qui y était encouragé par Don Jan Majernik, guide de pèlerins. Ces derniers avaient même présenté une demande officielle à la Custodie de Terre Sainte en assurant qu’ils étaient encouragés par des évêques Slovaques.

Une rencontre providentielle entre le Père Giovanni Battistelli et le Père Costantino Ruggeri décida de sa réalisation pour répondre au besoin de trouver du travail pour les habitants de Bethléem fatigués par l’Intifida. Ainsi commença le long chemin nécessaire pour bâtir le projet et arriver à la construction de la nouvelle chapelle de la Mère de Dieu, née de l’imagination du père Costantino Ruggeri et réalisée par l’architecte Luigi Leoni avec l’aide et la collaboration de sa consoeur Chiara Rovati et du père Michele Piccirillo comme consultant.

La nouvelle chapelle est reliée à l’église rupestre de la Grotte du Lait par un tunnel. Elle veut être, selon les mots du père Costantino « un témoignage de beauté et d’amour à Marie. Je l’ai créé en pensant à une fleur candide qui accueille dans sa corolle, comme dans un berceau, l’Enfant Jésus. Je souhaite que tous les fidèles, en entrant dans la nouvelle église, puissent y vivre une expérience mystique ».
Du point de vue technique, la chapelle a été réalisée par des ouvriers palestiniens de Bethléem. Elle fait 300 mètres carrés. Les murs sont en béton armé, tandis que la toiture repose sur structure de fer. Le revêtement extérieur est fait en pierre rose de Bethléem très épaisse. Les vitraux, couvrant une surface de 85 mètres carrés, sont en verre ancien soufflé et relié au plomb. Les sculptures de l’autel, l’ambon et les sièges sont des monolithes de pierre locale. Les bancs pour les fidèles ont été conçus par le père Costantino - ainsi le vitrail et la décoration liturgique exécutés en Italie – ils ont été réalisés par des menuisiers de Bethléem grâce au financement de Chrétiens Slovaques. La liaison avec le sanctuaire rupestre a permis d’installer dans le sous-sol une autre chapelle, réservée à l’exposition permanente du Saint Sacrement, et d’autres espaces de rencontre et de rangement pour une superficie de 400 mètres carrés.
Dans la nouvelle chapelle, une statue et une icône de la Vierge rappelleront aux pèlerins la dévotion des Chrétiens de Slovaquie pour la Mère de Jésus.

Une fois terminée la structure de la chapelle, le sanctuaire primitif, en grande partie creusé dans le calcaire blanc de la montagne de Bethléem trois mètres sous le niveau de la route, a pu être restauré. Des interventions appropriées l’ont libéré des incrustations de ciment qui l’avaient alourdi au long des siècles. Le sanctuaire retrouvera la sobre dignité d’un lieu de recueillement et de prière très prisé par les mamans de Bethléem

Les ex-voto en nacre donnés à la Vierge par les Chrétiens de la ville spécialisés, au long des siècles, dans la marqueterie de la nacre, seront conservés. Cet artisanat palestinien de la nacre est né à Bethléem, il s’y est développé grâce à la présence des Franciscains qui encouragèrent la production d’objets de dévotion en bois d’olivier et en nacre. Cet artisanat est aujourd’hui toujours au service des pèlerins. Un architecte franciscain, le père Bernardino Amico, qui fut également gardien du couvent, incita vers 1500 les artisans de Bethléem à réaliser des modèles réduits à l’échelle de la Basilique Saint-Sépulcre et de la Basilique de la Nativité, précieux témoignages sur les deux sanctuaires au XVII et XVIII e siècle.

Le projet est né en 2002 dans une période de grande tension militaire (l’arrivée de père Costantino et de l’architecte Leoni accompagnés de père Pascal Ghezzi commissaire de Terre Sainte pour la Lombardie en mars de cette année fut saluée de bombardements et de destructions qui mettent à genoux la pauvre ville coupée de Jérusalem), ce projet est le signe qu’une paix est possible, à laquelle la population de Bethléem a également droit après trop d’années de tension.
La nouvelle chapelle sera inaugurée le 31 décembre 2006, à 15 heures, veille du 1er janvier fête liturgique de la Mère de Dieu, journée choisie par le Pape comme journée de paix et pour rappeler au monde comme à ses gouvernants le bienfait de la paix que Jésus, fils de Marie, est venu apporter en naissant dans la Grotte de Bethléem.

Michele Piccirillo, ofm